Marine Le Pen renvoyée en correctionnelle pour avoir posté des photos de Daesh sur Twitter
- Avec AFP
La présidente du Rassemblement national a été renvoyée en correctionnelle pour la diffusion, après les attentats du 13 novembre 2015, de photos d'exactions commises par le groupe terroriste Etat Islamique sur le réseau social Twitter.
La présidente du Rassemblement National (RN) Marine Le Pen a été renvoyée en correctionnelle pour avoir diffusé en décembre 2015 des photos d'exactions du groupe djihadiste Daesh sur son compte Twitter, a appris l'AFP le 12 juin de source judiciaire. Une juge d'instruction de Nanterre a rendu une ordonnance renvoyant Marine Le Pen sur la base d'un article du code pénal punissant la diffusion de messages violents susceptibles d'être vus par un mineur, selon cette source, confirmant une information de BFMTV.
La responsable politique s'en est indignée, tweetant : «Cette poursuite honteuse contre ceux qui dénoncent DAESH tombe au moment où le gouvernement accueille les djihadistes et leurs familles à bras ouverts». Et d'ajouter : «Ça en dit long sur l’état de déliquescence politique et morale de nos "élites" dirigeantes.»
Cette poursuite honteuse contre ceux qui dénoncent DAESH tombe au moment où le gouvernement accueille les djihadistes et leurs familles à bras ouverts. Ça en dit long sur l’état de déliquescence politique et morale de nos « élites » dirigeantes. MLPhttps://t.co/UsVLUi0dtI
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 12 juin 2019
Le 16 décembre 2015, Mme Le Pen avait diffusé sur le réseau social une série de photos de propagande de l'EI, en réponse au journaliste Jean-Jacques Bourdin qu'elle accusait d'avoir «fait un parallèle» entre l'Etat islamique (EI) et le RN (alors FN). En-dessous des clichés, elle avait écrit : «Daech [acronyme arabe de l'EI], c'est ça !» Les photos montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d'un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journaliste américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos.
Quelques semaines après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, la publication de ces images très violentes avait immédiatement soulevé un tollé au sein de la classe politique mais aussi au-delà. Le parquet de Nanterre avait lancé le jour même deux enquêtes visant Marine Le Pen et le député RN Gilbert Collard, qui avait diffusé des images similaires le même jour. Ce dernier a été renvoyé en correctionnelle pour la même infraction fin mars.
Plus tôt, le 19 décembre, le parquet de Nanterre avait requis un renvoi pour les deux élus, après trois ans d'instruction. En septembre, la députée du Pas-de-Calais s'était indignée d'une expertise judiciaire demandée dans le cadre de cette procédure, parlant d'une «méthode» utilisée «dans les régimes totalitaires», et refusant de s'y rendre. Cet examen est prévu par la procédure pénale pour ce type d'infractions.
La persécution reprend de plus belle !
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 5 juin 2019
Je suis donc poursuivie pour avoir révélé la volonté de la justice de me soumettre à une expertise psychiatrique pour avoir dénoncé les atrocités de DAECH.
Ces dérives deviennent très graves. MLP pic.twitter.com/8ZnRB4FlAQ
Elle avait alors diffusé sur le réseau social le document ordonnant cette expertise dans son intégralité : une nouvelle enquête a alors été ouverte, la loi interdisant la publication d'un acte de procédure judiciaire avant une audience publique. Le 5 juin, elle avait de nouveau utilisé Twitter pour fustiger une convocation aux fins de mise en examen dans cette seconde enquête, évoquant une «persécution».