Gilets jaunes : ces «faux» street medics qui ont prélevé le sang des manifestants

Gilets jaunes : ces «faux» street medics qui ont prélevé le sang des manifestants© Romain Lafabregue Source: AFP
Un street medic vient en aide à un homme touché par une balle de LBD 40, le 19 janvier 2019 à Lyon, durant l'acte 10 des Gilets jaunes (image d'illustration).
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Franceinfo explique avoir retrouvé un groupe d'individus, se présentant comme street medics, faisant des prélèvements de sang pendant les manifestations. Ils sont en fait chercheurs et s'inquiètent des substances contenues dans les gaz lacrymogènes.

Dans une enquête publiée le 16 mai, Franceinfo révèle comment de «faux» street medics, censés assurer la bonne santé des manifestants, réussissent depuis plusieurs semaines à effectuer des prélèvements sanguins, et ce en pleine manifestation. Le site d’information, se basant sur une vidéo datée du 20 avril, relate l’histoire de Maurice (le prénom a été modifié), un Gilets jaune qui s'était fait accoster, après un tir de grenades lacrymogènes, par trois personnes ayant des «casques de protection vissés sur la tête et tee-shirts blancs floqués de grandes croix rouges». L’homme est filmé une seringue plantée dans la peau et un garrot au bras.

Groupe mystérieux

Franceinfo explique avoir eu accès à des vidéos montrant «des individus effectuer des prélèvements sanguins en pleine rue sur des personnes sonnées par les mouvements de foule». C’est le cas de Claire, présente à Paris lors des manifestations du 1er Mai, qui se souvient : «Il y avait deux dames, ainsi qu'une troisième personne. Ils m'ont mis du sérum physiologique dans les yeux et ils m'ont dit : "Vous êtes d'accord pour qu'on vous fasse une prise de sang pour savoir si vous avez du cyanure ?"» Elle se rappelle avoir donné son assentiment par écrit.

La Coordination 1er Secours France tient à se désolidariser de certaines pratiques que nous avons pu constater sur le terrain des manifestations

Quelques minutes plus tard, alors qu’elle rencontre deux street medics, elle leur raconte la scène. «Ils m'ont expliqué qu'on ne fait pas une prise de sang au milieu d'un nuage de gaz, dehors, dans une rue», se remémore-t-elle. Le 3 mai, la page Facebook «Coordination 1ers Secours France», regroupant plusieurs collectifs de secouristes, publie un communiqué. «La Coordination 1er Secours France tient à se désolidariser de certaines pratiques que nous avons pu constater sur le terrain des manifestations. Des personnes complètement étrangères à la Coordination se sont permis de pratiquer des gestes médicaux dans la rue», est-il observé.

Le collectif, contacté par Franceinfo, estime a «une huitaine d’individus» les membres de ce groupe et le communiqué précise que «quatre personnes» auraient été identifiées dont l’une d’entre elles serait un généraliste enregistré à Cayenne. Joint par le site, le Conseil national de l’Ordre des médecins ne voit aucun «obstacle légal à [la] réalisation [du prélèvement] […] si une personne consent à un prélèvement biologique pour des motifs qu'elle connaît et que ce prélèvement est effectué par un professionnel qualifié pour le faire». Un avis que ne partage pas Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes (AMUF), à Franceinfo : «C'est complètement interdit : on n'a pas le droit de s'installer dans la rue et de faire une consultation, alors encore moins de prendre du sang. Pourquoi prélever du sang dans des conditions aussi peu favorables ? Là, on est dans l'insécurité totale.»

Les gaz lacrymogènes en doute

Alexander Samuel, l'un des quatre «faux» street medics identifié par Franinfo, docteur en biologie, assume faire ces prélèvements afin de «défendre l’intérêt du patient». Il est convaincu que les manifestants sont exposés à des produits dangereux, voire mortels, comme le cyanure.

Pour étayer leurs dires, les médecins et le docteur en biologie se sont procuré des tests qu’ils utilisent après leurs prélèvements. Sous la forme d’une petite bandelette, le dispositif doit accueillir quelques gouttes de sang mélangées à une solution et à de l’eau. S’il vire au violet alors le dépistage est positif au cyanure. 

Néanmoins, sans étude sérieuse, difficile d’en tirer une conclusion probante. Pour le docteur Jean-Marc Sapori, responsable au Centre anti-poison de Lyon, cité par Franceinfo : «Le tabagisme, l'alimentation et quelques médicaments, comme la vitamine C, peuvent aussi causer cette petite production de thiocyanure [composant dérivé du cyanure].» Le praticien préfère mettre en garde contre une exposition répétée aux gaz lacrymogènes plusieurs semaines de suite, pouvant provoquer des maladies respiratoires. «Leurs bronches sont très irritées et vont à peine avoir le temps de guérir avant d'être de nouveau exposées aux gaz», analyse-t-il.

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