France

La Syrie redevenue sûre ? L'Allemagne gèle un grand nombre de demandes d’asile

Les associations d’aide aux réfugiés craignent que le ministère allemand de l’Intérieur, qui aurait ajourné l'examen de nombreuses demandes d'asile, refuse désormais la «protection subsidiaire» au motif que le pays serait redevenu sûr.

Les procédures de demande d’asile des Syriens seront-elles suspendues en Allemagne, après réévaluation de la situation sécuritaire ? Selon la presse allemande, citant des sources au ministère allemand de l’Intérieur, ces dernières semaines, l'examen de dossiers de demande d'asile a été ajourné dans l’attente de nouvelles consignes gouvernementales. 

Les personnes concernées sont des Syriens qui ne relèvent ni de l'accord d’asile ni du statut de réfugié. Ils bénéficient alors d’une «protection subsidiaire», octroyée à l’étranger qui ne peut demander le statut de réfugié, mais qui encourrait dans son pays d'origine, s'il y était renvoyé, un risque réel de subir des «atteintes graves», comme la peine de mort ou l’exécution, la torture, les traitements ou des sanctions inhumaines ou dégradantes. En 2018, 17 411 Syriens ont bénéficié de cette protection tandis que 18 245 demandeurs ont obtenu le statut de réfugié.

Or à la mi-mars, au fil de la résolution du conflit en Syrie, l'Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) a mis à jour ses directives. Les forces kurdes ayant chassé l’Etat islamique des dernières poches de résistance, l'armée régulière de Bachar el-Assad ayant repris du terrain aux groupes rebelles, la situation sécuritaire est désormais considérée comme stable dans de nombreuses régions du pays.

Les associations de réfugiés redoutent que le ministère ne considère plus que la Syrie soit un pays en guerre et que de nombreux dossiers déposés par les Syriens soient refusés.

Pour l'heure, le ministère de l’Intérieur n’a toutefois pas rendu sa décision finale à ce sujet. Outre-Rhin, il est toujours possible de déposer un dossier pour être reconnu réfugié ou demandeur d’asile mais les demandes de protection temporaire restent pour le moment à l’étude sans que la décision finale ne puisse être communiquée avant plusieurs semaines.

A la mi-mars, le BAMF a donc modifié ses directives, suivant le principe qu'il n'y avait plus de conflits ni d'armes dans aucune région de Syrie, alors que des troubles sporadiques persistent. Pourtant, le ministère des Affaires étrangères allemand avait, fin 2018, estimé qu’il n’existait pas de «protection fiable» pour les «personnes persécutées où que ce soit en Syrie».

Ces considérations interviennent alors même que la politique migratoire se durcit en Allemagne, qui a vu arriver sur son sol plus d'un million de migrants depuis 2015. La politique d'accueil très large de la chancelière Angela Merkel en 2015 et 2016 a failli lui coûter son siège lors des élections fédérales de septembre 2017. Les polémiques, notamment liées aux violences dont des migrants sont responsables d'après plusieurs rapports officiels, ont profondément affecté l'opinion publique allemande. 

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