Sénat et affaire Benalla : la Macronie fait bloc, Philippe et Ferrand boycottent la chambre haute
Branle-bas de combat au sommet de l'Etat : le chef du gouvernement et le président de l’Assemblée nationale ont décidé de boycotter deux événements institutionnels en réaction à la transmission à la justice par le Sénat de possibles faux témoignages.
La Macronie se serre les coudes ce 21 mars après la décision du Bureau du Sénat d'alerter la justice pour les possibles faux témoignages d'Alexandre Benalla, de Vincent Crase et de Patrick Strzoda devant la commission d'enquête.
Ce même jour, le Premier ministre Edouard Philippe a «décidé de ne pas aller» aux rituelles questions au gouvernement au Sénat, en signe de désaccord avec la décision de la chambre haute. Peu auparavant, le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, avait de son côté pris la décision de «ne plus participer» à une conférence commune prévue le lendemain avec son homologue du Sénat, Gérard Larcher. Dans un communiqué, il a dénoncé une utilisation des «fonctions de contrôle parlementaire à des fins politiciennes» par le Bureau du Sénat.
Alors que l'opposition a unanimement salué la décision des sénateurs, la majorité présidentielle tire à boulets rouge sur la chambre haute du Parlement. Car si la présidence s'est refusée à tout commentaire dans l'immédiat, le délégué général de La République en marche (LREM), Stanislas Guerini, a rapidement dénoncé l'instruction d'«un procès politique contre l'Elysée» par le palais du Luxembourg, dont «l'intention cachée» serait, selon lui, d'«attaquer le président de la République». Une vision complotiste ? Elle est en tout cas partagée par le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui a estimé que rien «ni en fait, ni en droit» n'était fondé dans la décision sénatoriale, fustigeant par là-même une partie de l'assemblée des sages pour s'être muée, selon lui, «en tribunal politique». «Le rôle du Sénat, ça n'est pas d'affaiblir, de diviser et de faire en sorte que le pays ne retrouve pas l'unité nationale dont nous avons tant besoin. C'est politiquement bas et c'est moralement très grave», a-t-il poursuivi.
Gilles Le Gendre, le chef de file des députés LREM, a fait savoir sur Twitter que ses troupes dénonçaient «l'instrumentalisation de l'affaire Benalla par le bureau du Sénat qui s'érige une nouvelle fois en tribunal politique», ajoutant tout de go : «Cette manœuvre sans fondement juridique abîme l'institution et la projette très loin des attentes concrètes des Français.»
Les députés @LaREM_AN dénoncent l'instrumentalisation de l'affaire Benalla par le bureau du Sénat, qui s'érige une nouvelle fois en tribunal politique. Cette manoeuvre sans fondement juridique abime l'instiution et la projette très loin des attentes concrètes des Français.
— Gilles Le Gendre (@GillesLeGendre) 21 mars 2019
Le député LREM Sacha Houlié a également tancé un «coup de force du Sénat», l'affublant du qualificatif d'«accusateur public». «La confusion des genres est totale. Sa méprise sur son rôle est une forme de déconnexion. Celle-ci devra être traitée», a poursuivi l'avocat trentenaire.