Les contrôles «discriminatoires» d'Alain Vidalies, les syndicats policiers n'en veulent pas
Suite à l'attentat dans le Thalys, le ministre délégué des Transports a dit ce matin préférer pendre le risque de contrôles «discriminatoires» afin éviter les attentats. Une pratique dont ne veulent pas entendre parler les syndicats policiers.
Alain Vidalies s'est pris les pieds dans le tapis, ce matin, sur Europe 1. Interrogé sur les mesures de sécurité à prendre dans les transports suite à la tentative d'attentat survenu vendredi dans la Thalys Amsterdam – Paris, le ministre délégué des Transports a expliqué : «À chaque fois qu'on parle de fouille aléatoire, quelqu'un dit “oui mais ça risque d'être discriminatoire”. Eh bien écoutez, moi je préfère qu'on discrimine, effectivement, pour être efficace, plutôt que de rester spectateur.»
Dès qu'on parle de contrôle aléatoire il est opposé le risque de discrimination. Ce risque existe mais ne doit pas nous empêcher d'agir. 2/3
— Alain Vidalies (@AVidalies) 24 Août 2015
Une phrase qui a énormément fait réagir dans la sphère politique, et policière, alors que la France vient d'être condamnée pour des contrôles au faciès. Pour Mohamed Douhane, du syndicat Synergie Officiers, il est même essentiel de «ne pas discriminer» lors des contrôles, car cela serait «rendre un service aux terroristes, et contraire à nos lois».
Numéro 30 : "Je lutterais contre le "délit de faciès" dans les contrôles d'identités par une procédure respectueuse des citoyens" #Vidalies
— Gerard Filoche (@gerardfiloche) 24 Août 2015
Si un ministre de droite avait prononcé la moitié de ce qu'a dit #Vidalies, #Valls aurait demandé sa démission en 45 secondes.
— Xavier Alberti (@xavier_alberti) 24 Août 2015
Pour les syndicats policiers, s'il est donc vital de renforcer les contrôles, mais pas n'importe comment. «On peut faire des contrôles efficaces sans discriminer», plaide Nicolas Comte, du syndicat Unité SGP Police. «Maintenant, si on parle couleur de peau, on fait un très mauvais calcul.»
Les solutions pour éviter de nouvelles actions de ce type ne doivent donc pas être prise à la légère, ni dans l'urgence. «C'est sérieux les questions de sécurité», lance Nicolas Comte . «A partir du moment où on multiplie les contrôles Il y a potentiellement un risque de contrôle au faciès, mais les policiers sont formés pour avoir le discernement nécessaire », estime lui Mohamed Douhane pour qui «il ne s'agit pas de céder à la psychose ou la paranoïa».
Je prends le #TGV mercredi, ça se passe comment pour le contrôle basané Monsieur #Vidalies ?
— Lunise Marquis (@luniseMarquis) 24 Août 2015
Classé à gauche, le syndicat Unité SGP Police déplore lui «un ministre dépassé par les événements.» Car si la discrimination préférée par Alain Vidalies est illégale, elle est aussi inefficace. «Dans les milieux radicaux que surveillent les renseignements, on a beaucoup de convertis, blancs. Ce n'est pas la couleur de peau qui fait l'intégriste», affirme Nicolas Comte.
Comment un ministre de la République, un socialiste, peut dire "je préfère qu'on discrimine pour être efficace"? #Irresponsable#Vidalies
— Mehdi Ouraoui (@mehdiouraoui) 24 Août 2015
Reste que des contrôles supplémentaires sont déjà visibles dans les gares ou les stations de métro parisienne. «Des contrôles n'éviteront pas les terroristes de frapper», estime Nicolas Comte. Et le syndicaliste d'appeler, à une «vigilance citoyenne. Mais pas n'importe comment.» «Faire preuve de vigilance ça signifie tenter de repérer les individus aux comportements suspects, et sûrement pas la couleur ou l'origine supposée d'un individu, car cela serait illégal injuste et contre-productif», confirme Synergie Officiers.
La prochaine fois, Alain Vidalies, qui a corrigé ses propos suite au tollé, laissera sûrement le ministre de l'Intérieur parler des questions de sécurité.
Renforcement des contrôles aléatoires : il n'a jamais été question de prôner la moindre méthode discriminatoire. pic.twitter.com/VfZx6d6Jyw
— Alain Vidalies (@AVidalies) 24 Août 2015