Le cardinal Barbarin condamné à six mois de prison, ses avocats vont faire appel
- Avec AFP
Le cardinal Philippe Barbarin a été finalement condamné à une peine de prison avec sursis pour «non dénonciation de mauvais traitements», un verdict salué par l'un des plaignants. Sa défense fera appel de la condamnation.
Le cardinal Philippe Barbarin a été condamné ce 7 mars par le tribunal correctionnel de Lyon à six mois de prison avec sursis pour la non-dénonciation des agressions pédophiles d'un prêtre de son diocèse. Le cardinal Barbarin a ensuite annoncé qu'il allait remettre sa démission au pape.
En l'absence du cardinal, la présidente du tribunal Brigitte Vernay l'a «déclaré coupable de non-dénonciation de mauvais traitements» envers un mineur entre 2014 et 2015. Mgr Barbarin devient ainsi le troisième évêque condamné en France pour des faits similaires, après deux autres en 2001 et en 2018.
Philippe Barbarin a préféré prendre le risque d'empêcher la découverte de très nombreuses victimes d'abus sexuels par la justice
Le jugement n'épargne pas le cardinal. «Alors même que ses fonctions lui donnaient accès à toutes les informations et qu'il avait la capacité de les analyser et les communiquer utilement, Philippe Barbarin a fait le choix en conscience, pour préserver l'institution à laquelle il appartient, de ne pas les transmettre à la justice», statue-t-il.
«En voulant éviter le scandale causé par les faits d'abus sexuels multiples commis par un prêtre, mais sans doute aussi par la mise à jour de décisions bien peu adéquates prises par les évêques qui le précédaient, Philippe Barbarin a préféré prendre le risque d'empêcher la découverte de très nombreuses victimes d'abus sexuels par la justice, et d'interdire l'expression de leur douleur», peut-on lire dans le jugement.
Les victimes satisfaites de la peine
Ce verdict a créé la surprise, car lors du procès en janvier 2019, la procureure adjointe Charlotte Trabut n’avait requis aucune condamnation. Cette condamnation est considérée comme «une grande victoire pour la protection de l'enfance», par Francois Devaux, l'un des plaignants. «Cette victoire envoie un signal très fort à beaucoup de victimes et leur permet de comprendre qu'elles sont entendues, écoutées et reconnues», a-t-il ajouté.
«Je n'ai aucune surprise, j'étais persuadé qu'on aurait ce résultat compte tenu de ce qui s'est dit à l'audience. Cela montre que tout ce qu'on dénonce depuis quatre ans, ça existait vraiment», estime de son côté un autre plaignant Pierre-Emmanuel Germain-Thill.
«Cette victoire envoie un signal très fort à beaucoup de victimes et leur permet de comprendre qu'elles sont entendues, écoutées et reconnues», a ajouté le cofondateur de l'association de victimes La Parole libérée, estimant qu'il s'agissait de «l'aboutissement d'un long parcours pour qu'émerge une prise de conscience».
Les avocats du cardinal Philippe Barbarin ont annoncé dans la foulée leur intention de faire appel de la condamnation de leur client pour la non-dénonciation d'agressions sexuelles commises par un prêtre de son diocèse.
«La motivation du tribunal ne me convainc pas. Nous allons donc contester cette décision par toutes les voies de droit utiles», a déclaré Jean-Félix Luciani, en relevant qu'il «était difficile pour le tribunal de résister à une telle pression avec des documentaires, un film...» «Ça pose de vraies questions sur le respect de la Justice», a-t-il conclu.
Le procès s'était déroulé à Lyon du 7 au 9 janvier 2019. Le cardinal était jugé pour ne pas avoir dénoncé à la justice les abus commis sur de jeunes scouts, entre 1986 et 1991, par le père Bernard Preynat, dont le procès pourrait avoir lieu en 2019.