«Bête immonde», «infâme», «intolérable» : les politiques condamnent l'agression d'Alain Finkielkraut
Le philosophe a été la cible d’insultes ce 16 février en marge de la manifestation des Gilet jaunes dans le quartier de Montparnasse, à Paris. Un incident qui a provoqué l’indignation de plusieurs responsables politiques.
«Barre-toi, sioniste de merde», «Bâtard», «la France elle est à nous !» : ce 16 février, plusieurs personnes qui défilaient dans le quartier de Montparnasse à l'occasion de l'acte 14 des Gilets jaunes ont violemment pris à partie et insulté Alain Finkielkraut. Présents à proximité, des membres des forces de l’ordre se sont interposés pour assurer la protection de l’académicien. Plusieurs vidéos montrant l’agression ont très vite été relayées sur les réseaux sociaux.
Quelques heures plus tard, dans une interview au Journal du dimanche (JDD), il est revenu sur l'incident : «J'ai ressenti une haine absolue, et malheureusement, ce n'est pas la première fois», a-t-il confié. Le 19 décembre 2018, au micro des Grandes Geules sur RMC, Alain Finkielkraut avait fustigé l'atitude de certains Gilets jaunes envers le chef de l'Etat : «La haine [d'Emmanuel Macron]) chez certains Gilets jaunes [...] cette haine dont il fait l'objet est complètement délirante», avait-il alors estimé. Il avait en outre fustigé l'atitude de Maxime Nicolle alias «Fly Rider» qui avait interpellé la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Emmanuelle Wargon, sur son salaire durant l'émission La Grande explication, sur LCI.
Condamnation unanime de la classe politique française
L’incident a rapidement suscité une avalanche de réactions indignées au sein de l’exécutif.
«Les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation. Nous ne les tolèrerons pas», a condamné sur Twitter le président de la République Emmanuel Macron.
Les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation. Nous ne les tolèrerons pas.https://t.co/WSUTuJmQWX
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 16 février 2019
Et de poursuivre dans un second tweet : «Fils d’émigrés polonais devenu académicien français, Alain Finkielkraut n’est pas seulement un homme de lettres éminent mais le symbole de ce que la République permet à chacun». Une indignation partagée par les autres membres du gouvernement.
«Un déferlement de haine à l'état pur que seule l'intervention de la police a interrompu. Assister à une telle scène à Paris, en 2019, est tout simplement intolérable. Je viens de m'entretenir avec Alain Finkielkraut pour l'assurer de mon soutien absolu», a annoncé sur Twitter le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.
Un déferlement de haine à l’état pur que seule l’intervention de la police a interrompu.
— Christophe Castaner (@CCastaner) 16 février 2019
Assister à une telle scène à Paris, en 2019, est tout simplement INTOLÉRABLE.
Je viens de m’entretenir avec Alain Finkielkraut pour l’assurer de mon soutien absolu.https://t.co/8pXQ6upYfR
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a pour sa part dénoncé «la bête immonde tapie dans l'anonymat d'une foule» et espéré la condamnation des auteurs.
La haine à l’état brut dans les rues de Paris contre Alain #Finkielkraut hué aux cris de « sale Juif ».
— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) 16 février 2019
La bête immonde tapie dans l’anonymat d’une foule.
Ceux qui insultent ont le visage découvert. J’espère qu’ils seront identifiés, poursuivis et lourdement condamnés. #Acte14https://t.co/JzmePiO8HM
«Honte aux auteurs de ces menaces répugnantes et à leurs complices», a lancé le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand.
Honte aux auteurs de ces menaces répugnantes et à leurs complices. https://t.co/DPkYZDacbe
— Richard Ferrand (@RichardFerrand) 16 février 2019
Des figures de l'opposition ont également dénoncé ces actes et apporté leur soutien au philosophe. Pour Ian Brossat, tête de liste du Parti communiste français (PCF) aux Européennes, «rien ne peut justifier qu'on s'attaque à lui en tant que juif».
On peut détester les idées de Finkielkraut. Rien ne peut justifier qu'on s'attaque à lui en tant que juif.
— Ian Brossat (@IanBrossat) 16 février 2019
L'antisémitisme est une plaie. Il doit être combattu sans relâche.
Le président de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), Jean-Christophe Lagarde, a quant à lui qualifié l’agression d’«infâme» .
L’agression d’Alain #Finkielkraut en pleine rue est infâme : face à l’humanité perdue que représente l’antisémitisme, la seule exactitude est de mettre un terme à cette défaite de la pensée. https://t.co/M0I0okEgpg
— Jean-Christophe Lagarde (@jclagarde) 16 février 2019
«D'abjects crétins... Révoltante confirmation de ce qu'Alain Finkielkraut a pointé lui-même : l'antisémitisme se drape dans les habits de l'antiracisme et se nourrit de la chasse aux prétendus islamophobes. Quand ouvrirons-nous les yeux ?», s’est alarmé de son côté le patron des Républicains (LR) Laurent Wauquiez.
D'abjects crétins... Révoltante confirmation de ce qu'Alain Finkielkraut a pointé lui-même : l'antisémitisme se drape dans les habits de l'antiracisme et se nourrit de la chasse aux prétendus islamophobes. Quand ouvrirons-nous les yeux ? https://t.co/jGdSbTFd2J
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 16 février 2019
Même tonalité du côté de Marine Le Pen qui a accusé «l’extrême-gauche antisémite» d’en être l’auteur.
L’agression d’Alain #Finkielkraut aujourd’hui est un acte détestable et choquant, qui illustre la tentative d’’infiltration du mouvement des #GiletsJaunes par l’extrême-gauche antisémite.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 16 février 2019
On attend des condamnations exemplaires et non le laxisme judiciaire habituel. MLP
La Licra a également exprimé son soutien à Alain Finkielkraut, en fustigeant «des méthodes fascistes d’intimidation».
Une honte absolue. Des méthodes fascistes d’intidmidation. Soutien à Alain Finkielkraut. https://t.co/SuQOyYqK18
— LICRA (@_LICRA_) 16 février 2019
Lire aussi : Acte 14 : après trois mois, la mobilisation des Gilets jaunes se poursuit (EN CONTINU)