Le 9 février, lors de l'acte 13 de la mobilisation hebdomadaire des Gilets jaunes, un véhicule appartenant aux militaires de l'opération Sentinelle et siglé «Mission Vigipirate» a été incendié aux abords de la Tour Eiffel. Un méfait rapidement commenté par le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, qui a jugé «intolérables» ces «attaques» suscitant chez lui «indignation» et «dégoût».
Quelques heures plus tôt, de violents heurts avaient éclaté dans la capitale entre forces de l'ordre et Gilets jaunes près de l'Assemblée nationale. Un manifestant a eu la main arrachée, touché par l'explosion d'une grenade.
Une «indignation sélective» ?
Une mutilation que le premier flic de France n'a en revanche pas jugé opportun de commenter dans l'immédiat (même s'il a fini par évoquer les faits, le lendemain). Nombre d'internautes le lui ont ainsi reproché en répondant à son tweet concernant le véhicule de la force Sentinelle incendié. Si certains ont posté une capture d'écran montrant les lambeaux pendant au bout du bras du manifestant blessé avec la légende «sans commentaire», d'autres ont préféré communiquer par écrit leur mécontentement.
«Alors que l'on voit des images horribles d'une main arrachée, vous vous cachez derrière l'image d'un Kangoo qui brûle», a tancé cet internaute.
«Les véhicules se remplacent par contre les mains et les yeux ne se remplacent pas», a estimé cet autre. «Votre indignation sélective est comme chacune de vos déclarations : pitoyable. Lorsque l'on est pas capable de faire passer des réformes dans la paix sociale on ne la ramène pas», a-t-il poursuivi.
Le député de La France insoumise (LFI), Alexis Corbière, a également interpellé le ministre de l'Intérieur. «Il y a eu une cinquième main arrachée aujourd’hui, à cause du matériel utilisé, une grenade GLI F4 apparemment. J’ai déposé il y a quelques jours une [proposition de loi] pour interdire ce type de matériel», a-t-il rappelé avant d'ajouter : «Que fait Castaner ?»
Castaner finit par évoquer une blessure qu'il «regrette»
Le 10 février, Christophe Castaner a finalement évoqué les faits. «L'opération a été longue ce matin, c'est un travail méticuleux, c'est une blessure grave que je regrette», a-t-il déclaré sur France info.
«On a déclenché immédiatement une enquête judiciaire pour comprendre ce qui s'est passé», a-t-il ajouté. De son côté le parquet de Paris a déclaré à l'AFP avoir ouvert une enquête en recherche des causes des blessures graves.
Christophe Castaner a expliqué : «Il y a eu une attaque contre le fronton de l'Assemblée nationale, des gens voulaient rentrer dans l'Assemblée nationale, les gendarmes se sont retrouvés encerclés face à une foule très hostile et ils ont voulu se désencercler [...] Un manifestant [...] a voulu prendre dans la main cette grenade et elle a explosé.»
Le 28 janvier, il avait été reproché à Emmanuel Macron d'avoir, dans un discours au Caire, ignoré les blessés graves déplorés depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, alors que le chef de l'Etat avait rendu hommage aux forces de l'ordre et évoqué les décès en marge de la mobilisation.
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