France

L'acte 6 des Gilets jaunes, un retour aux «années 1930» ? C'est l'avis du gouvernement

Moins nombreux mais tout aussi déterminés, des dizaines de milliers de Français se sont rassemblés pour l'acte 6 des Gilets jaunes, qui a été émaillé d'incidents isolés. Violences et polémiques que le gouvernement a passées en revue.

«Donc, "on" lynche des policiers, "on" chante la quenelle de Dieudonné à Montmartre, "on" reprend les codes des années 1930 pour renverser la République, "on" décapite l’effigie du président... Derrière ces "on", un seul visage, lâche, raciste, antisémite, putschiste. Stop», a écrit tweeté le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, le 22 décembre, jour d'une nouvelle mobilisation du mouvement des Gilets jaunes.

Selon les chiffres du gouvernement, l'acte 6 du mouvement des Gilets jaunes a mobilisé ce 22 décembre 38 600 participants sur le territoire français, déterminés à exprimer leur désaccord avec le gouvernement. Certains rassemblements ont été marqués par des violences isolées, notamment contre des journalistes ou des policiers. Les forces de l'ordre, de leur côté, on fait usage de la force, et notamment de gaz lacrymogènes. 220 interpellations ont été menées.

Ce nouvel épisode de mobilisation a également été marqué par diverses polémiques : décapitation d'un pantin représentant Emmanuel Macron à Angoulême ou encore références de Gilets jaunes à l'humoriste Dieudonné à Paris.

Une enquête a en outre été ouverte après des propos négationnistes présumés qui auraient été tenus dans le métro par trois Gilets jaunes.

L'exécutif ne s'est pas étendu sur les revendications de la majorité du mouvement, comme le référendum d'initiative citoyenne (RIC) ou encore la démission du chef de l'Etat. Il a préféré concentrer son attention sur des incidents et autres actes isolés.

«L'ordre doit régner» face aux «codes des années 1930»...

Dans la lignée du message publié par le porte-parole du gouvernement, le Premier ministre Edouard Philippe a insisté sur le simulacre de décapitation d'Emmanuel Macron. Et, tout comme Benjamin Griveaux, Edouard Philippe a déploré «des agressions d’une violence inouïe contre des policiers» ou encore ce qu'il a qualifié de «gestes antisémites en plein Paris», appelant à «une condamnation unanime et des sanctions pénales».

Du côté du ministère de l'Intérieur, dans un tweet saluant le professionnalisme des forces de l'ordre, Christophe Castaner a fustigé certains manifestants qui, selon lui, étaient «animés par la haine des institutions».

En visite au Tchad, où il a commencé à rencontrer les soldats français sur la base militaire de N'Djamena, Emmanuel Macron s'est lui aussi exprimé sur les incidents qui ont émaillé cette nouvelle journée de mobilisation des Gilets jaunes.

«Il est évident que les réponses judiciaires les plus sévères seront apportées. C’est maintenant l’ordre qui doit régner, le calme et la concorde. Notre pays a besoin de ça. Il a besoin de concorde, d’unité, d’un engagement sincère pour des causes collectives fortes et il faut apaiser les divisions», a affirmé le chef de l'Etat.

Un Gilet jaune dénonce «un effet de loupe sur cinq minutes de violence»

Le choix gouvernemental de commenter abondamment ces incidents a fait réagir certains Gilets jaunes. Jérôme Rodriguez, à l'antenne de Cnews dans la soirée de l'acte 6, a tenu à recentrer le discours.

«On va faire un effet de loupe sur cinq minutes de violence [...] qui sont l'exact contraire de ce que j'ai vu aujourd'hui», a-t-il affirmé en réaction au tweet de Benjamin Griveaux, ajoutant par ailleurs : «Je ne suis ni raciste ni violent, je veux simplement revendiquer nos droits.»

Des Gilets jaunes mobilisés aux quatre coins de la France

Alors que Christophe Castaner a dit avoir remarqué «un réel tassement de la mobilisation» avec «moins de 39 000 manifestants» en France, les Gilets jaunes ont fait entendre leur détermination aux quatre coins du territoire, avec des rassemblements particulièrement suivis à Bordeaux, Nîmes, Lille ou encore Dijon.

Sur les pancartes de ces manifestants, on pouvait lire «RIC» ou encore «Macron ça sent la faim». Des messages que l'exécutif s'est bien gardé de commenter.

Lire aussi : Acte 6 des Gilets jaunes : des manifestants moins nombreux mais toujours déterminés (EN CONTINU)