La loi contre la manipulation de l'information, «inapplicable» ?
Contestée à gauche comme à droite, la loi contre la «manipulation de l'information» a finalement été adoptée en force par l'Assemblée nationale. «Inapplicable», affirment certains, «dangereuse», mettent en garde d'autres.
Par un vote de l'Assemblée nationale le 20 novembre, le Parlement a définitivement adopté la loi contre la «manipulation de l'information», qui avait été retoquée à deux reprises par le Sénat.
Invité à réagir sur le plateau de RT France à ce vote, Yann-Maël Lahrer, fondateur de Okaydoc, plateforme de chercheurs dédiée à la transformation numérique des organisations, s'inquiète d'«atteintes assez fortes à la démocratie».
Pointant du doigt la difficulté, selon les points de vues, d'identifier la fausseté d'une information, il repère d'autres points litigieux. «Il faut identifier les auteurs de ces fake news», explique-t-il ajoutant par ailleurs que «les plateformes internet [...] ont une appréciation très différente de la liberté d'expression de celle qu'on a en Europe, qui est [une appréciation] américaine».
«A mon avis, les conséquences vont être assez faibles puisque c'est une loi qui est relativement inapplicable», nuance-t-il néanmoins.
Dans le JT de RT France, Alexis Lévrier, historien de la presse et des médias, souligne ce qui est selon lui le point essentiel de cette nouvelle loi : «On confie au juge une mission énorme [...] Est-ce qu'il sera à même de juger de la fiabilité de cette nouvelle ?» Et d'ajouter : «Il est tout à fait normal d'avoir des doutes sur l'efficacité de cette loi.»
Pour Alexis Lévrier, le but du texte est que les autorités puissent «réagir rapidement» au moment où une nouvelle fabriquée est relayée. Mais est-ce la bonne manière de procéder ? «Cela, je n'en suis pas certain», remarque-t-il.