France

Le Drian critique l'enquête de Riyad sur le meurtre de Khashoggi et évoque de possibles sanctions

«Le compte n'y est pas» : le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a assuré que Paris attendait plus de Riyad concernant l'enquête sur le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. Il a promis des sanctions, communes avec les Européens.

Plusieurs semaines après le meurtre à Istanbul du journaliste Jamal Khashoggi, et quelques jours après que Riyad a reconnu la responsabilité de ses services de renseignement, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a quelque peu haussé le ton contre le royaume saoudien, ce 31 octobre.

«Le compte n'y est pas»

Interrogé sur la radio RTL, le chef de la diplomatie française a critiqué l'enquête menée par Riyad, appelant à ce que toute la vérité soit faite sur l'affaire. «Aujourd'hui, même si les autorités saoudiennes ont reconnu qu'il y avait un meurtre, le compte n'y est pas. La vérité n'est pas au rendez-vous», a-t-il ainsi lancé. «Tant que les responsabilités et les circonstances de ce meurtre ne seront pas affichées, annoncées, évaluées, nous serons exigeants pour avoir la vérité. Aujourd'hui, elle n'est pas au rendez-vous», a-t-il martelé, soulignant l'importance de voir les enquêtes (l'une est saoudienne, l'autre est turque) se poursuivre.

Et le diplomate d'assurer que des sanctions seraient prises en fonction des résultats de ces enquêtes. «Nous ne nous interdisons rien sur ces sanctions [...] en collaboration avec nos partenaires européens», a-t-il précisé. Un sujet sur lequel les divisions des Etats membres sont apparues au grand jour. Alors que l'Allemagne a décidé le 21 octobre de suspendre ses exportations d'armes vers l'Arabie saoudite, demandant aux Européens de suivre son exemple, le président français a répliqué le 27 octobre que toute éventuelle sanction contre Riyad devrait être prise «au niveau européen» et «ne saurait se limiter à tel ou tel secteur». Une manière de laisser entendre qu'à l'instar des Etats-Unis, Paris n'avait pas l'intention de dénoncer ses contrats de ventes d'armes à Riyad.

Jean-Yves Le Drian a en revanche jugé prématurée la décision de Berlin de suspendre les ventes d'armes, affirmant : «Je pense que nous devons attendre l'enquête pour trouver les coupables.»

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