France

Gérard Filoche veut créer un «grand parti démocratique, social et pluraliste» à gauche (ENTRETIEN)

Gérard Filoche est revenu pour RT France sur l'affaire du tweet polémique qui lui a valu d'être accusé d'antisémitisme. Il plaide l'erreur et présente de nouveau ses excuses. L'ancien cadre du PS est également revenu sur la situation de la gauche.

L'ancien cofondateur de SOS Racisme peut être rassuré. Accusé d'avoir diffusé un tweet anti-Macron antisémite en novembre dernier, Gérard Filoche va certainement ressortir innocenté. Le délibéré n'aura lieu que le 12 décembre mais le parquet, pourtant à l'origine des poursuites, a demandé la relaxe de l'ancien représentant de l'aile gauche du Parti socialiste (PS). Interviewé par RT France, Gérard Filoche est revenu sur cette affaire qui date de près d'un an. «Une situation insupportable», a-t-il estimé. «Des gens m'accusaient de ce que je ne suis absolument pas, je suis un militant antiraciste depuis toujours», a-t-il poursuivi.

«Je suis une famille de sang-mêlé, me reprocher à moi une chose pareille me faisait crier de rage», a-t-il poursuivi en réitérant ses excuses pour avoir diffusé un tweet dont il a reconnu ne pas avoir vu le «double fond», à savoir des allusions antisémites. «Je n'avais qu'à être vigilant», s'est-il défendu, rappelant qu'il avait retiré ce tweet 40 minutes après l'avoir diffusé.

S'il a avoué ne pas être victime d'un complot, il n'a pas caché sa colère contre ceux qui ont vu là l'occasion de «le tenir», «de lui faire payer» judiciairement son passif politique, c'est à dire son combat pour la défense du droit du travail lors des ordonnance réformant le code du travail en 2017 et son opposition aux lois El Khomri en 2016. Gérard Filoche a d'ailleurs lancé un défi à ses accusateurs : «J'ai dit aux neuf parties civiles contre moi de rechercher quelque chose à me reprocher sur les 55 années de ma vie consciente et militante, trouvez-le. Je suis sûr qu'ils ont dû beaucoup chercher et qu'ils n'ont rien trouvé.»

Gérard Filoche a d'ailleurs rappelé qu'il n'avait pas été exclu du Parti socialiste en janvier 2018 dont il était membre du bureau national, en raison de ce tweet. Il a encore précisé qu'après son message polémique, «les plus droitiers du PS [avaient] été les plus violents». Si Gérard Filoche a donc quitté le PS en janvier, c'était pour des raisons de méthode quant à une modification des statuts pour le congrès du parti du mois d'avril 2018, lui «interdisant», à ses yeux, de déposer une motion qui souhaitait tirer le bilan du «quinquennat maudit» de François Hollande (2012-2017).

Gérard Filoche tend la main à toute la gauche

Désormais, Gérard Filoche a donc tourné la page du PS et ne retrouve plus le parti «démocratique et d'union de la gauche» de ses débuts. Il a ainsi ouvert «un réseau» nommé Gauche démocratique et sociale (GDS) qui se bat «pour l'unité de la gauche». Estimant que cette dernière est trop éparpillée, il a par conséquent appelé l'ex-leader de l'aile gauche du PS Emmanuel Maurel – qui a fait scission avec le PS ce 12 octobre – à le rejoindre. De plus, Gérard Filoche a expliqué avoir ouvert une «plateforme» pour les élections européennes : «Je la propose à Emmanuel Maurel, je la propose à Jean-Luc Mélenchon, je la propose à Benoît Hamon.» Il a de fait ouvert la porte à toutes les formations de gauche en mentionnant également le Parti communiste et Europe Ecologie Les Verts (EELV).

Pour les élections européennes, il a par ailleurs assuré que «la gauche, si elle était unie, serait en position d'être devant Emmanuel Macron».

«Je souhaite qu'on soit autour d'une table», a-t-il martelé. «En 72 heures on peut faire un accord à gauche, on n'est pas si loin que ça d'avoir un bon programme, le meilleur possible [...] pour un combat contre l'Europe de Macron», a enfin argumenté l'ancien inspecteur du travail en formulant son idéal, celui de promouvoir la création d'un «grand parti démocratique, social [et] pluraliste».

Propos recueillis par Bastien Gouly

Lire aussi : «La grève des cheminots tient bon, contrairement aux chiffres annoncés», selon Gérard Filoche