Le magistral retournement de veste de la députée Claire O’Petit sur le travail dominical
Dans une tribune publiée le 19 août dans le JDD, 22 députés LREM ont appelé le gouvernement à étendre les dispositions relatives au travail dominical. Opposée à cette mesure en 2014, Claire O'Petit, cosignataire de l’appel, a changé d’avis...
La députée La République en marche (LREM) de l'Eure Claire O'Petit a signé une tribune publiée le 19 août dans le JDD appelant le gouvernement à prendre les dispositions nécessaires, dans le cadre du projet de loi sur la croissance des entreprises, dit «loi Pacte», afin de laisser une plus grande «liberté» aux commerçants d'ouvrir le dimanche.
A l’instar de ses 21 collègues de la majorité présidentielle, cosignataires de la tribune, Claire O’Petit s’appuie sur le «succès» de la loi Macron adoptée en juillet 2015 : «Au sein des zones touristiques internationales créées à l’époque [permettant une ouverture le dimanche et en soirée], le chiffre d’affaires des magasins a augmenté de 15% et le dimanche est même devenu le deuxième meilleur score de la semaine pour certaines boutiques.»
Cet optimisme de Claire O’Petit tranche avec son coup de gueule poussé en 2014 lorsqu’elle faisait partie de l’équipe des Grandes Gueules sur RMC. Alors qu'elle était commerçante, Claire O'Petit avait fustigé un dispositif «discriminatoire» visant à «faire plaisir à quelques bobos qui veulent aller chercher leur marteau».
Les syndicats vent debout face un énième assouplissement de la réglementation sur le travail dominical
Au lendemain de la parution de la tribune, les syndicats Force ouvrière (FO) et la Confédération générale du travail (CGT) ont fait part de leur indignation. «La Fédération CGT Commerce et Services réaffirme son opposition à la banalisation du travail du dimanche», a fait savoir le syndicat dans un communiqué.
Et de poursuivre : «Ils [les députés LREM] veulent nous faire croire que ça se bouscule au portillon de l’employeur pour travailler le dimanche, nous invitons ces députés à essayer de vivre avec 800 euros par mois et nous verrons s’ils ne courront pas eux-mêmes pour travailler le dimanche.»
Travail du #dimanche : Des députés #LREM veulent aller plus loin dans la #précarisation ! (cc @ovlabd) pic.twitter.com/rrKKJ6dKoc
— CGT CommerceServices (@CGT_Commerce) 20 août 2018
Même son cloche du côté de FO : «Encore une fois les députés LREM se moquent des conditions de travail des salariés qui sont la plupart du temps des femmes avec des temps partiels subis, des travailleurs pauvres et corvéables qui sont contraints par leur employeur de travailler le dimanche sans compensation avec un risque de licenciement en cas de refus.»
L'assouplissement des règles encadrant le travail dominical figurant dans la loi Macron avait fait l'objet de vives oppositions au sein de la classe politique. Manuel Valls, alors Premier ministre, avait alors décidé de recourir à l'article 49.3 qui permet au gouvernement d’adopter un texte sans vote des parlementaires en engageant sa responsabilité.