«La prostitution des cités» prend des proportions alarmantes
- Avec AFP
Dans une tribune publié ce 17 juin dans Le Parisien, Catherine Champrenault, procureur général de la cour d’appel de Paris, tire la sonnette d’alarme à propos de la multiplication des faits de proxénétisme dans les cités françaises.
«Depuis quelques années, aux côtés des réseaux criminels étrangers de traite d’êtres humains, les affaires portant sur des faits de proxénétisme des cités se multiplient», écrit le procureur général de la cour d’appel de Paris, Catherine Champrenault, dans une tribune publiée dans Le Parisien-Aujourd’hui en France.
«L’Office central pour la répression de la traite des êtres humains [OCRTEH] a noté de très fortes augmentations de la prostitution des mineurs depuis 2014», poursuit le procureur général. «Elle procède à la fois d’une avidité pour l’argent et d’une banalisation à l’extrême de l’acte sexuel exacerbée par l'explosion de la pornographie», analyse-t-elle.
Début avril, le tribunal correctionnel de Créteil a condamné plusieurs hommes à des peines allant de deux à six ans d’emprisonnement pour avoir prostitué des jeunes filles rencontrées dans leur quartier et qu'ils présentaient comme leurs «copines».
Ces jeunes filles, droguées à la cocaïne, enchaînaient à leur profit jusqu'à 300 passes par mois dans des hôtels d'Ile-de-France. L'une des jeunes victimes a déclaré rapporter jusqu'à 48 000 euros par mois.
«L’activité, considérée comme lucrative et peu complexe, attire des jeunes qui entretiennent des situations d’ambiguïtés amoureuses laissant aux jeunes filles l’illusion de croire qu’elles ne sont pas des prostituées et aux garçons, qu’ils ne sont pas leurs proxénètes», rapporte Catherine Champrenault.
«Les cadences se font plus pressantes et l’entreprise, initialement consensuelle, se transforme en un rapport d’asservissement pervers», décrit le procureur général, qui évoque une «descente aux enfers».
Pourtant, «les bancs des parties civiles sont clairsemés», les plaintes des victimes étant rares. «Le parquet endosse la responsabilité de poursuivre les délinquants sans que la plainte de la victime ne soit indispensable, même si elle est préférable», explique le procureur général.
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Elle insiste sur l'importance de «l'accompagnement personnalisé des victimes» et appelle à «la vigilance de tous, et notamment des parents». Un des défis est de «déconstruire auprès des jeunes filles l’image d’une prostitution anodine».
A Paris, «où plusieurs dossiers de proxénétisme de cité ont déjà prospéré, une information judiciaire vient d’être ouverte contre un site de petites annonces», souligne le procureur général.
Le parquet a ouvert une information judiciaire contre X pour «proxénétisme aggravé» après une enquête préliminaire sur des soupçons de prostitution déguisée dans les petites annonces du site internet Vivastreet.