France

Macron invoque les saucisses de Bismarck pour garder le mystère autour de ses relations avec Trump

Emmanuel Macron a refusé de commenter l'information de CNN sur le «terrible» échange qu'il aurait eu par téléphone avec Donald Trump à propos des taxes américaines. Pour justifier son silence, il a cité Bismarck sur la fabrication des saucisses.

«Comme l'a dit Bismarck, si on expliquait aux gens la recette des saucisses, il n'est pas sûr qu'ils continueraient à en manger !». Interrogé le 5 juin lors d'une conférence de presse sur le coup de fil échangé avec Donald Trump concernant les taxes américaines, que CNN avait qualifié de «terrible», Emmanuel Macron s'est refusé à «raconter les coulisses».

Poursuivant cette métaphore gastronomique, le chef d'Etat s'est dit attaché à ce que les gens «voient le plat servi», tout en ne se disant pas persuadé que «le commentaire de la cuisine [aidait] au bon service du plat ou à sa bonne consommation». «Des gens parlaient du coup de fil, ils ne viennent pas de chez moi !», a-t-il poursuivi, assurant que l'Elysée n'avait pas l'habitude de faire de commentaires sur la façon dont se passaient les rencontres diplomatiques : «On fait et on avance.»

Tout juste a-t-il reconnu que le dialogue avec son homologue américain avait été «franc». «J'aurai à nouveau lors du G7 une discussion utile et franche avec le président Trump, comme j'en ai depuis le premier jour», a-t-il conclu à la veille de son départ pour le Canada, pour un sommet du G7 les 8 et 9 juin où la question des taxes imposées par les Etats-Unis à ses alliés tiendra à n'en pas douter une place importante.

Présent à ses côtés lors de cette conférence, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s'est amusé de la comparaison, tout en notant sa pertinence. «Je suis d'accord, il n'est pas toujours positif de raconter le contenu de discussions. Bismarck a dit : on ne montre pas en bonne compagnie comment on fabrique les saucisses et comment on fait de la politique», a-t-il renchéri.

Le président français, qui jusque là affichait son entente avec son homologue américain, l'a appelé le 31 mai pour lui dire que sa décision d'imposer à l'Europe des taxes sur l'acier et l'aluminium était «illégale», «une erreur» à laquelle l'UE riposterait. La Maison-Blanche et l'Elysée avaient rendu public sans commentaires cette conversation. 

Mais la chaîne d'information américaine CNN, citant une source proche de la Maison Blanche, a soutenu le 4 juin que ce coup de téléphone aurait dégénéré : «C'était très dur, vraiment terrible. [...] Macron pensait qu'il pouvait livrer le fond de sa pensée, étant donné leur relation. Mais Trump ne supporte pas de telles critiques.»

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