Un Teknival sur une ancienne base de l'OTAN suscite l'indignation des protecteurs des oiseaux
Le Teknival fête ses 25 ans à Marigny, sur une ex-base militaire et actuelle zone écologique. Si les festivaliers se targuent de rendre le site aussi propre qu'ils l'ont trouvé, la Ligue de protection des oiseaux remettent en cause le choix du site.
De 20 000 à 25 000 participants se retrouvent pour fêter les 25 ans du festival de musique techno, le Teknival, du 27 avril au 1er mai sur l'ancienne base militaire de l'OTAN à Marigny, dans la Marne.
L'occasion pour les «teufeurs» de rappeler que c'est dans l'illégalité que ces événements leur conviennent le mieux. «Je préfère quand c'est illégal, c'est moins la fête à la saucisse», professe ainsi un organisateur interrogé par l'AFP.
«Si c'était légal, il y aurait plus de lumière, plus de marchands de bière, de kebabs sur le tarmac... Cela deviendrait une discothèque géante», poursuit Raphaël, 30 ans, en désignant l'ancienne piste de la base.
Je préfère quand c'est illégal, c'est moins la fête à la saucisse
Des dizaines de murs d'enceintes de plusieurs mètres de haut ont été installés sur cette longue bande de bitume entourée de champs. Devant les enceintes, des centaines de jeunes dansent au son de la techno. D'autres sont assis entre des camions et voitures venus de toute la France et garés en tous sens. Certaines plaques d'immatriculation sont recouvertes. Des dealers proposent de l'ecstasy ou de la cocaïne.
Rebelote : le rappeur #Fianso interpellé pour avoir tourné un nouveau #clip «sauvage»
— RT France (@RTenfrancais) December 15, 2017
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Grand-messe française de la techno, le Teknival est organisé chaque année dans un lieu différent, tenu secret jusqu'au dernier moment.
A de rares exceptions, il a lieu sans l'accord des autorités. Comme chaque année, 60 pompiers, 250 gendarmes, le Samu et des associations de protection civile sont cependant mobilisés pour assurer la sécurité «sanitaire, publique et routière» autour de l'événement, selon la préfecture de la Marne.
Si on ne rentre pas, on bloque la route, les villages
«[Quand c'est illégal] on est moins parqués, on choisit plus ce qu'on a envie de faire», estime Raphaël, qui fait partie depuis huit ans d'un sound system basé à Montreuil (Seine-Saint-Denis). A l'AFP, il raconte également son arrivée sur le site, le 27 avril : «On était une cinquantaine de camions et voitures. On a dit aux gendarmes : "Si on ne rentre pas, on bloque la route, les villages."»
Mais illégal ne veut pas dire «que c'est n'importe quoi», tempère le jeune homme : «Chaque sound system fournit 5-6 bénévoles, pour gérer le parking, les déchets, la sécurité. Au total, on est environ 200 prêts à intervenir en cas de problème.» Mais selon lui, il y a «très peu d'incidents». Alors que le Teknival se déroule cette année sur une zone écologique classée Natura 2000, il montre les nombreux sacs-poubelle accrochés aux rétroviseurs des voitures, et assure : «Le plus souvent on arrive à rendre le site aussi propre qu'on l'a trouvé.»
Une association de défense des animaux porte plainte
Cependant, la Ligue de protection des oiseaux de Champagne-Ardenne (LPO) ne juge pas ces efforts suffisants et a d'ores et déjà annoncé son intention de porter plainte «pour destruction d'habitats dans un site protégé», selon les informations du journal L'Est éclair.
Dans un communiqué, la LPO a précisé qu'en 2003 et 2005, années où le Teknival avait été autorisé à Marigny, le site n’était pas encore classé Natura 2000. Contrairement à ce qu’avançaient les organisateurs du Teknival, le site a été classé Natura 2000 le 1er juin 2015.
«A ce titre, il bénéficie d’actions de gestion destinées à préserver la faune et la flore sensibles. Certaines espèces fréquentant ce site sont considérées comme menacées du fait de la disparition de leurs habitats. Il est évident que la tenue de cette manifestation, comme les précédentes, va avoir des incidences irrémédiables pour la biodiversité et anéantir des années d’efforts pour assurer la conservation de ce site qui constitue une des dernières pelouses sèches du département», explique la LPO, qui ajoute : «C’est d’autant plus déplorable que cette manifestation intervient en pleine période de nidification pour l’avifaune.»