Excédés par l'attitude du gouvernement, les cheminots envisagent de durcir le mouvement
Dénonçant son attitude professorale, les syndicats de cheminots sont ressortis d'une réunion avec la ministre des Transports Elisabeth Borne très remontés contre le gouvernement. Plusieurs syndicats envisagent de durcir le conflit.
La réunion entre les syndicats de cheminots et la ministre des Transports Elisabeth Borne le 5 mars a duré plus de six heures, mais n'a eu pour résultat que d'antagoniser les grévistes contre le gouvernement.
Au micro de plusieurs médias, Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, a ainsi dénoncé avec force «le jeu de "professorat"» du gouvernement qui s'est contenté d'envoyer des «documents insipides» dans lesquels il n'y avait selon lui pas de propositions : «[Ce] sont des PowerPoints de présentation des sujets».
Martelant ne pas avoir besoin de pédagogie supplémentaire, Laurent Brun a déclaré que le gouvernement ne faisait que jouer la montre, jugeant la réunion aussi pénible qu'inutile. «Je ne comprends pas cette attitude de ne pas vouloir résoudre le conflit. On sent un gouvernement qui est tranquille, qui attend que ça passe», s'est-il emporté.
Les discussions portaient entre autres sur l'organisation de la SNCF et la question de la dette de la compagnie ferroviaire, pour laquelle le gouvernement n'a fait aucune annonce, selon Laurent Brun. «Nous sommes donc fondés à dire que cette réunion était une véritable mascarade dans laquelle la ministre s’est contentée de critiquer les propositions des organisations syndicales, sans apporter elle-même de contenu», a-t-il affirmé. Le secrétaire général de la CGT-Cheminots estime par conséquent que le rapport de force est nécessaire, et a annoncé la poursuite du mouvement de grève.
Sud-Rail et l'UNSA Ferroviaire prédisent un durcissement du conflit
Un point de vue partagé par les autres organisations syndicales présentes lors de cette réunion, à l'image de Sud-Rail. Le syndicat a ainsi fait part de sa détermination à renforcer, amplifier le mouvement, face au «schéma totalement libéral» du gouvernement qui menace selon lui la société publique de disparition . «Il est clair que deux jours de grève, ça ne suffit pas pour le faire plier», a fait valoir Eric Santinelli, le secrétaire fédéral de Sud-Rail. «La responsabilité est du côté du gouvernement. Il faut durcir le mouvement», a-t-il encore soutenu.
Même constat du côté de l'UNSA Ferroviaire, dont le secrétaire général Roger Dillenseger a noté que la situation «[risquait] de se durcir». «Le gouvernement avance à marche forcée pour tenter de nous asphyxier mais en l’occurrence il n’y a aucune avancée concrète», a-t-il déploré, précisant toutefois que les modalités de la grève restaient à l'heure actuelle les mêmes, deux jours par deux jours.
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