Carrefour : «Le modèle social français est fini» selon Force ouvrière
Les salariés de Carrefour sont en grève, contestant notamment les suppressions d'emplois et de magasins. Pour Réda Ait Slimane de FO, ce qui se passe à Carrefour est «à l’image de toute la France : la remise en cause du droit du travail».
Ce 31 mars, plus de 300 magasins Carrefour sont en grève. Les salariés protestent contre les mesures annoncées par le PDG Alexandre Bompard le 23 janvier. Ils s'inquiètent ainsi des suppressions de postes – 2 400 via un plan de départs volontaires, 2 300 via un plan social dans les magasins de proximité (273 ex-Dia vont fermer). Les syndicats protestent aussi contre le passage en location-gérance d'hypermarchés (cinq confirmés, une quarantaine visés selon eux) et contre l'annonce récente d'une participation moyenne de 57 euros par salarié, contre 610 l'année précédente.
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Salarié de l'un des magasins ex-Dia menacé de fermeture, Réda Ait Slimane, délégué syndical pour Force ouvrière (FO), rappelle que Carrefour est le premier employeur privé en France (avec plus de 115 000 salariés). L'annonce du 23 janvier a d'ailleurs été ressentie comme un coup de massue pour les employés. «Je ne vous cache pas que le moral des salariés est en ce moment au plus bas. Car les magasins vont commencer à se fermer à partir de juillet», déclare-t-il.
95% de participation pour la grève du carrefour painlevé de Nîmes #planbompardpic.twitter.com/gVeznQUwXZ
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«On a conscience des mauvais résultats», reconnait Réda Ait Slimane évoquant, entre autres, la situation des ex-Dia. Carrefour avait en effet affiché une perte nette totale en 2017 de 531 millions d'euros, alors qu'en 2016 l'enseigne avait réalisé un bénéfice de 746 millions d'euros. «Mais nous souhaitons une négociation plus équitable pour l'ensemble des salariés», ajoute Réda Ait Slimane. Un sentiment qui pourrait sembler d'autant plus légitime si on le compare au sort des actionnaires du groupe, qui toucheront 356 millions d'euros de dividendes, d'après les syndicats. Les incertitudes concernant les éventuels repreneurs ou les conditions du plan de sauvegarde de l'emploi, ne font qu'alimenter les craintes des salariés.
Les ordonnances sur la réforme du droit du travail ont-elles lancé un processus irréversible contre l'emploi ?
Finalement, Réda Ait Slimane constate que ce qui se passe à Carrefour, «est à l’image de toute la France, avec la remise en cause du droit du travail». Il se montre pessimiste, notamment à cause des ordonnances d'Emmanuel Macron réformant le droit du travail. Il estime néanmoins que les salariés doivent continuer à se battre.
D’ici les deux trois prochaines années, il n’y aura que du dégraissage
«Les ordonnances ont été présentées le 31 août, les premiers à subir étaient les salariés de PSA, maintenant c'est nous. Je pense que d’ici les deux trois prochaines années, il n’y aura que du dégraissage», avertit Réda Ait Slimane.
La situation à Carrefour s'inscrit selon lui dans la continuité des mesures emblématiques que vante Emmanuel Macron. «Ils évoquent la flexibilité de l’emploi pour faire passer ces lois, mais là ce n’est plus de la flexibilité de l’emploi. C’est une autre vie qui va s’ouvrir maintenant», regrette le syndicaliste.
«Le modèle social français est fini», ajoute t-il, en soutenant que «les salariés tous secteurs confondus commencent à comprendre où on en est».
Bastien Gouly