En plein désarroi, les agriculteurs toujours plus nombreux à appeler à l'aide
Agri'écoute, le numéro d'écoute pour les agriculteurs en détresse, enregistre une hausse du nombre d'appels sur sa plateforme. Face à cela, la MSA a décidé de renforcer le service avec la mobilisation de plus de 900 psychologues cliniciens.
Le monde agricole va mal, très mal. La Mutualité sociale agricole (MSA) a annoncé le 20 mars avoir renforcé sa plateforme d'assistance pour les agriculteurs en détresse. Agri'écoute, permanence de prévention du suicide des agriculteurs, enregistre désormais près de 300 appels par mois. En 2015, ce nombre était d'environ 90 par mois, selon le docteur Véronique Maeght-Lenormand, médecin du travail, conseiller technique national de la Caisse centrale de la MSA (CCMSA), et pilote du plan national de prévention du suicide.
Les Hauts-de-France, la Bretagne, la Franche-Comté-Bourgogne et l'Auvergne-Rhône-Alpes sont les régions considérées comme «plus à risque».
Alors que des bénévoles assuraient jusqu'à présent le service, 900 psychologues cliniciens seront dorénavant mobilisés. Parmi eux, 25 personnes seront spécifiquement dédiées à la plateforme téléphonique, ouverte 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Ceux-ci sont recrutés pour écouter les agriculteurs et gérer les situations délicates, avec une mise en relation possible a posteriori avec les pompiers ou le Samu, selon les cas d'urgence. Depuis le renforcement d'Agri'écoute, il y a dix jours, deux suicides ont ainsi pu être évités à temps, avec l'intervention du Samu ou des pompiers, d'après Le Figaro du 23 mars.
En outre, Véronique Maeght-Lenormand compte sur le soutien de l'entourage des agriculteurs pour détecter les situations de détresse (comme les petits signes de résignation) à jouer le rôle de relais et les pousser à contacter Agri'écoute.
La MSA cible plusieurs principaux facteurs de stress répertoriés chez les exploitants et salariés agricoles appelants, tels que les soucis financiers et problèmes de trésorerie, la pression des réglementations agricoles, l'impact des crises agricoles (économique, sanitaire, climatique...), la surcharge de travail, les difficultés pour concilier vie professionnelle et vie privée ou l'épuisement physique et émotionnel.
Lancé en 2014, Agri'écoute recense le traitement de plus de 4 000 appels. Un agriculteur se suiciderait tous les deux jours en France.
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