C'est une véritable gifle qu'a infligé au maire de Paris Anne Hidalgo (PS) le 21 février le tribunal administratif. Ce dernier a en effet décidé d'annuler la piétonnisation des voies sur berges, mesure phare de l'édile socialiste très critiquée par ses opposants qui dénonçaient les difficultés de circulation qu'elle engendrait.
C'est d'ailleurs sur ce point que le tribunal a fait reposer son jugement, estimant que la procédure initiée par le maire avait été adoptée «sur le fondement d’une étude d’impact du projet qui comportait des inexactitudes, des omissions et des insuffisances» quant aux conséquences sur la circulation. Qui plus est, le tribunal a relevé que le maire ne pouvait pas, selon le Code général des collectivités locales, prononcer une «interdiction permanente d’accès des voitures mais uniquement à certaines heures».
Ce jugement place la mairie de Paris dans une situation particulièrement inconfortable. Si Bruno Julliard, le premier adjoint d’Anne Hidalgo, a annoncé que la mairie ferait rapidement appel du jugement, celui-ci n'est pas suspensif, contraignant dans l'absolu la mairie à rouvrir les berges à la circulation. La municipalité a d'ores et déjà annoncé son intention de présenter devant la cour administrative d’appel une requête pour obtenir un sursis à l'exécution du jugement, mais rien ne dit qu'il sera accordé.
Seul – petit – rayon de soleil pour Anne Hidalgo : la cour administrative prendra au minimum plusieurs mois pour statuer sur ce sursis selon un juriste cité par Le Parisien, donnant ainsi un peu d'air à l'édile. Et si jamais la cour administrative validait la décision du tribunal, la mairie pourrait en dernier recours se pourvoir en cassation devant le Conseil d’Etat.
A l'instar du Vélib' dont le nouvel opérateur n'est pas au point, ou encore des panneaux JC Decaux qui n’affichent plus de publicités en raison d'une double erreur de la mairie, ce nouveau camouflet pourrait bien venir hanter Anne Hidalgo à l'heure des municipales.
D'ici 2020 – ou 2021 si le gouvernement décide de décaler la date du scrutin – il y a fort à parier que les nombreux prétendants à la mairie sauront capitaliser sur ce qui pourrait être le plus gros échec du mandat de l'édile. La République en marche, qui ne fait pas mystère de ses ambitions sur la capitale, pourrait ainsi s'engouffrer dans la brèche.
La droite espère aussi saisir l'opportunité. Au lendemain de la décision du tribunal, la présidente d’Île-de-France Valérie Pécresse (LR), dont le nom revient avec insistance pour reconquérir la mairie, n'a pas manqué l'occasion d'intervenir. Elle a appelé Anne Hidalgo à «saisir la main» qu'elle lui tend pour travailler ensemble sur «un scénario de piétonnisation douce» des voies sur berges de la capitale. Sans omettre de lancer que c'était «clairement la brutalité de sa méthode» qui avait été sanctionnée par le tribunal et que la mairie de Paris avait fait preuve d'un «refus obstiné sur ce sujet de travailler en équipe». La bataille de Paris a déjà commencé.
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