Dernièrement, des célébrités ont payé le prix fort pour certains faits ou paroles jugés blessants. Les anathèmes ne sont jamais loin. Les indignations fleurissent souvent avec, pour origine, les réseaux sociaux. Des associations s'emparent ensuite du buzz et les médias leur donnent parfois du crédit.
Condamnation de principe, demande d'excuses, menace de procès, demande de licenciement : il ne fait pas toujours bon de tenter une blague, faire une comparaison, ou imiter. Des inculpés qui doivent non pas répondre de leurs actes sur le terrain judiciaire mais devant le tribunal des réseaux sociaux.
Antoine Griezmann et le blackface
La dernière polémique concerne le joueur de l'équipe de France de football Antoine Griezmann, jugé coupable par les internautes de s'être grimé en noir, caricaturant les Harlem Globetrotters. Et des médias comme Konbini ou RFI de considérer son acte comme le fruit d'une «longue tradition raciste».
L'association SOS Racisme pointe pour sa part du doigt une blague qui «représente l'héritage de l'esclavage».
Face à ces accusations, Antoine Griezmann s'excuse, concédant : «C'est maladroit de ma part.»
L'affaire devient politique, et même la ministre des Sports Laura Flessel est appelée par le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) à condamner fermement le sportif. Interviewée par le Huffington Post sur le tweet malencontreux, Laura Flessel réagit : «Malvenu, c'est certain. Mal intentionné, je ne crois pas.»
Sauf que cette réponse ne satisfait pas le CRAN. «Le CRAN le dit et le redit, le blackface n’est pas une maladresse, c’est un acte raciste,» insiste-t-il dans un communiqué.
Toutefois, le vice-champion d'Europe avec les Bleus peut compter sur quelques soutiens. Tel est le cas de l'élu socialiste de Créteil Axel Urgin, qui considère que le CRAN, notamment, se sert d'une personnalité médiatique pour «exister».
Miss France et la «crinière de lionne»
Parmi les autres polémiques récentes, l'une s'attaque à la toute nouvelle Miss France 2018, Maëva Coucke. Lors du concours de beauté le 16 décembre, la candidate du Nord-Pas-de-Calais se frotte au jeu de la prise de parole en télévision. Pour convaincre les jurés de la choisir comme nouvelle Miss France, elle déclare : «Après une blonde, une brune, une miss à la crinière de lionne, pourquoi pas une rousse ?»
La crinière de lionne, en référence à sa celle qui l'a précédée en 2017, Alicia Aylies, originaire de Guyane, sera de trop pour les censeurs du numérique. Une expression jugée raciste par certains, quand le chroniqueur Gilles Verdez, lui, propose de destituer l'élue de sa couronne.
Comme pour Antoine Griezmann, Maëva Coucke doit répondre de ses actes. DansTélé-Loisirs, elle atteste que la crinière de lionne «est [pour elle] un compliment [...] On dit ça souvent pour les chevelures volumineuses [...] Elle l'a bien pris. C'est dommage que ce soit mal interprété». D'ailleurs l'écrivain Majid Oukacha rappelle que cette notion capillaire est régulièrement utilisée par la presse féminine.
Shaka Ponk et sa pochette polémique
Les chanteurs et autres musiciens ne sont pas exemptés de controverse. Le groupe rock Shaka Ponk s'est vu traité de «raciste» ou même «zoophile» pour la pochette de son album The Evol' montrant une jeune femme noire embrasser un singe.
Ce singe est leur «membre virtuel, Goz», qui les accompagne depuis leurs débuts. «A la base, c'est vraiment une image de paix qu'on mette en lien l'animal et l'humain. Pour nous c'est juste une réconciliation [...] Une réconciliation entre deux phases de l'évolution. D'un côté le singe qui a bien évolué car lui reste constant et respectueux de son environnement et l'homme qui est devenu fou», se justifient les membres du groupe pour le Huffington Post. Une polémique qui n'empêchera pas le groupe d'organiser une tournée en 2018 comptant plus de 30 dates.
Tex et sa blague sur les femmes battues
L'animateur Tex, lui, a eu moins de chance. Une blague sur les femmes battues, en pleine vague de dénonciations d'agressions ou de harcèlements sexuels avec pour origine l'affaire Weinstein, a vu l'humoriste couvert d'opprobre le 30 novembre.
Considéré comme misogyne par certains, Tex a même été la cible de la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa. Cette dernière a adressé un signalement au CSA, estimant la «"blague" indigne et irrespectueuse».
Tex a eu beau s'excuser sur Facebook et confirmer qu'il s'opposait «fermement à toutes formes de violences faites aux femmes», face aux 3 000 plaintes reçues par Marlène Schiappa et à la bronca des réseaux sociaux, France 2 a décidé de licencier le «blagueur» des Z'amours.
Une fois n'est pas coutume Tex a reçu le soutien de Charlie Hebdo. Son directeur Riss regrettant que «la liberté de [l'humour] n'a jamais été autant remise en cause.»
Lââm et les Dix petits nègres
Enfin, parfois les people peuvent aussi se tromper en pensant faire le buzz. Comment ne pas évoquer le cas de la chanteuse Lââm, qui pensait obtenir un soutien franc et massif après avoir critiqué la diffusion sur TMC du téléfilm Dix petits nègres, l'adaptation éponyme de l'un des romans les plus connus d'Agatha Christie. Elle avait à cette occasion dénoncé le racisme de la chaîne, et appelé à son boycott, alors que le titre du chef-d'œuvre de la romancière britannique n'est en fait qu'une référence à une comptine du XIXe siècle.
Sure d'elle, l'artiste proposait tout simplement de changer le nom de l'œuvre, interpellant dans ce sens le CSA. Les critiques à son encontre n'ont fait que gonfler sur les réseaux.
Preuve s'il en est, que les réseaux sociaux peuvent être impardonnables pour les célébrités.
Bastien Gouly