La suppléante du député insoumis François Ruffin, Zoé Desbureaux, a suscité la polémique pour avoir apporté son soutien à Sonia Nour, suspendue de son poste à la mairie de La Courneuve. Cette dernière avait qualifié le terroriste de Marseille, qui a assassiné deux jeunes femmes à coups de couteaux le 1er octobre 2017, de «martyr».
Des captures d'écrans de messages postés sur les comptes Facebook et Twitter de Zoé Desbureaux ont été diffusés sur les réseaux sociaux. Le fil Twitter de la suppléante ayant été rendu privé après la diffusion des messages, les publications originales n'ont pu être consultées par RT France, mais sont citées par l'AFP.
Il y est notamment écrit qu'elle apporte un «soutien total» à la militante communiste suspendue.
Le premier message, sur Facebook, (rédigé en écriture inclusive) se lit : «Soutien total à Sonia Nour, qui a toujours été là pour défendre et porter la voix de celleux [sic] qu'ils voudraient faire taire. [...] Quelle tristesse de voir que la gauche cède à la propagande et à la désinformation fasciste. Force à toi Sonia, tu n'es pas seule.»
«Soutien total à Sonia Nour qui subit les pressions de la fachosphère et de la gauche cassoulet», exhorte encore Zoé Desbureaux dans un autre message, sur Twitter, déclenchant une avalanche de messages incendiaires. Certains internautes ont même accusé la suppléante de soutenir «l'apologie du terrorisme».
Mélenchon croise le fer avec Ferrand sur le sujet
Richard Ferrand, éphémère ministre de la Cohésion des territoires et désormais président du groupe parlementaire de La République en marche (LREM) à l'Assemblée, a exigé des explications du chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. «Il n'est pas possible que le président Mélenchon n'ait pas une expression publique pour dire s'il approuve ou désapprouve les déclarations de la suppléante [de François Ruffin] qui banalisent ce qui s'est passé à Marseille», a-t-il déclaré à l'AFP.
La réponse de Jean-Luc Mélenchon ne s'est pas fait attendre. Se désolidarisant ouvertement des propos de Sonia Nour et de Zoé Desbureaux et condamnant les «assassins et les actes terroristes», tout comme «l'islamisme politique», le leader de la France insoumise a transformé sa mise au point en riposte contre Richard Ferrand.
«L'interpellation offensante du président Ferrand ne saurait effacer l'infamie de son refus par son vote personnel de châtier Lafarge pour sa complicité avec Daesh, ni son refus d'enquêter sur les liens du Qatar avec les groupes terroristes qui ont assassiné nos compatriotes», a ainsi répliqué le tribun, demandant de ce fait au président du groupe LREM à l'Assemblée de «condamner la complicité financière avec Daesh» et «les meurtres de Marseille».
Dans le même temps, François Ruffin se désolidarisait lui aussi des propos de sa suppléante, précisant que Sonia Nour avait eu une «manière bien maladroite de défendre la cause des femmes». Il a par ailleurs estimé injustifiable le fait que sa suppléante «subisse aujourd'hui des menaces de mort et autres injures».
Une pétition pour la mise en examen de Sonia Nour
Si Sonia Nour peut compter sur le soutien de la suppléante de François Ruffin, elle a également ses détracteurs. Une pétition a ainsi été mise en ligne le 3 octobre sur le site MesOpinions.fr, «pour que Sonia Nour soit inculpée d'apologie du terrorisme» et a déjà recueilli près de 4 000 signatures ce 4 octobre à 19h.
«Tandis que deux jeunes femmes viennent d'être assassinées lâchement, tandis que s'ouvre le procès Merah, tandis que l'Europe et la France comptent leurs morts, leurs blessés, leur familles endeuillées, une employée de mairie de la Courneuve fait l'apologie du terrorisme et appelle ça du féminisme bafouant le combat des femmes», peut-on lire dans le texte de la pétition.
Un signalement au procureur de la République pour apologie du terrorisme a également été déposé par un élu Front National.
Sonia Nour a déclenché la polémique le 2 octobre dernier en publiant un tweet tendant à relativiser la portée du geste du tueur de la gare Saint-Charles à Marseille. «Quand un martyr égorge une femme et poignarde une autre, là ça fait du bruit. Terrorisme, du sang, civilisation Bla Bla Bla...», avait-elle écrit au lendemain de cette attaque au couteau, revendiquée par le groupe État islamique, où deux cousines de 20 ans ont trouvé la mort. «Par contre, que le terrorisme patriarcal nous tue tous les deux jours, on l'entend moins, votre grande gueule», avait-elle ajouté.