«Islam, religion de paix» et victimes écrasées : avec sa Une, Charlie Hebdo met le feu aux poudres
Pour l'édition du numéro de Charlie Hebdo à paraître ce 23 août 2017, les dessinateurs ont décidé de se saisir de l'actualité terroriste et de la traiter avec l'humour noir qui les caractérise. La Une choisie a déjà provoqué une intense polémique.
La nouvelle Une de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo n'a pas manqué de susciter la controverse : un dessin satirique figure deux victimes gisant dans leur sang tandis qu'une camionnette, fringante et bondissante, s'éloigne vers l'horizon. Le titre, lui, joue sur l'ironie, avec la sentence : «Islam, religion de paix... Eternelle», faisant ainsi référence aux attentats de Catalogne du 17 août 2017.
Par @pkjuin la une de Charlie Hebdo daté du 23 août 2017 pic.twitter.com/4m8CQab5fj
— Valentin (@tinoval72) 22 août 2017
De quoi susciter le débat, mais avec des lignes de fracture assez prévisibles. Aussi, avant même la publication de la version papier, la diffusion de la Une du journal sur les réseaux sociaux a provoqué chez certains internautes une vive indignation, parfois même du dégoût.
Il y a les journalistes qui informent, et ceux qui incitent à la haine. À vomir. #CharlieHebdopic.twitter.com/6lfXMBK09u
— Lagertha (@melissabja) 22 août 2017
Lamentable une fois de plus, ils provoquent pour vendre leur torche cul.
— 👁👃👁 (@LesquiveFC) 22 août 2017
Je ne suis pas et je ne serais jamais Charlie. #CharlieHebdo
Un autre utilisateur de Twitter rappelle que les attentats en Catalogne le 17 août 2017 ont fait 15 morts et plus d'une centaine de blessés.
#CharlieHebdo sympa de faire du mal aux familles en deui. Ils vont apprécié ce manque de goût...
— NonoLe (@NoraGale) 22 août 2017
D'autres saluent une liberté d'expression, qui ne saurait souffrir d'exceptions, autres que celles prévues par la loi. En outre, certains internautes ne semblant pas du même bord politique que Charlie se disent agréablement surpris par cette Une «choc».
ça va faire pleurer les "éternelles" victimes et ça va hurler à "l'islamophobie" , mais charlie restera tjrs #charliehebdopic.twitter.com/YuDtr44Ux3
— Keranos (@keranos2) 22 août 2017
Jamais je n'aurai pensé que #charliehebdo ait le courage de faire une Une aussi cinglante, Une de vérité ! Bravo 👏👍 pic.twitter.com/2mhiraJ7yy
— Myriame ✞ ن ✡ ☀ ☪ Ⓜ (@Myriame630) 22 août 2017
Quelques-uns, défendant le journal, font valoir que Charlie Hebdo n'hésite pas à s'attaquer aux autres religions.
La liberté d'expression c de pouvoir taper sur TOUTES les religions. Charlie Hebdo a toujours été un fervent partisan de l'athéisme. https://t.co/7MMh2n6Gnz
— Pilou s'en fout (@amethyste03) 22 août 2017
#CharlieHebdo a toujours été anticlérical. Cette Une ne devrait pas vous choquer. Bref... pic.twitter.com/67hsuvXlhI
— Romain Gros 🕊 (@Gros_Romain) 22 août 2017
Des utilisateurs plus politisés s'intéressent, eux, à la possible récupération du dessin, ou encore, aux contradictions idéologiques que la Une pourrait révéler. Là aussi, deux camps se dessinent, les uns accusant les autres de récupération.
Ça bug dans la sphère de l'extrême-gauche avec la dernière Une. 😂😂😂 #CharlieHebdo
— Benjamin Bidault ن (@BidaultBenjamin) 22 août 2017
La Une de #CharlieHebdo demain ! 😂 Si même eux le disent... on va voir si la bobosphère va être Charlie. Préparez vos pop corn pic.twitter.com/zMff2SHjYi
— Jérémy Patriote 🇫🇷 (@JeremLeFrancais) 22 août 2017
#CharlieHebdo pour toute la fachosphere qui s'empresse de reprendre la dernière une comme vérité n'oubliez ces vérités vous concernant pic.twitter.com/xRSHdd17ag
— 🏳️🌈maxim🏳️🌈 (@keedz75) 22 août 2017
Deux internautes résument la difficulté de l'exercice, sur le mode de l'inversion et de la contradiction.
Charlie Hebdo est-il Charlie? https://t.co/N2xCwZdxnE
— Eric Fassin (@EricFassin) 22 août 2017
Le vrai problème de Charlie hebdo c'est qu'ils sont vraiment pas très drôle.
— BayesReality (@BayesReality) 22 août 2017
Charlie Hebdo, qui a vendu près de 8 millions d'exemplaires en janvier 2015, après l'attentat dont les locaux du journal avaient été l'objet, mais dont les ventes se sont par la suite tassées, est un habitué des Unes polémiques. En 2012, l'hebdomadaire satirique publiait une caricature du prophète Mahomet qui avait suscité un tollé dans le monde musulman.
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