Détournement et blanchiment : le vice-président guinéen au train de vie luxueux jugé à Paris
Le rythme de vie de Théodorin Obiang, installé à Paris, avait défrayé la chronique : son procès pour corruption s'ouvre à Paris, alors que des associations l'accusent d'avoir détourné près de 110 millions d'euros pour les blanchir en France.
Ce 19 juin, le premier procès des «bien mal acquis» contre le vice-président de la Guinée-Equatoriale, Théodorin Obiang, par ailleurs fils du président du pays, s'ouvre à Paris. Après une action en justice de longue haleine menée pendant plus de 10 ans par les associations Sherpa et Transparency France, le prévenu comparaît pour un détournement présumé de 110 millions d'euros.
Ancien ministre de l'Agriculture et des Forêts, promu à la fin du mois de juin 2016 vice-Président du pays par son père, Teodorin Obiang comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris pour «blanchiment d'abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics, d'abus de confiance et de corruption». En janvier dernier, le procès avait été reporté. Cette fois, tout comme il y a six mois, l'accusé ne sera pas présent, qui dénonce un «complot» ourdi par les autorités judiciaires françaises.
La Guinée ne reconnaît pas l'autorité du tribunal français qui doit juger Théodorin Obiang et en appelle à la justice internationale. Ce petit pays africain, qui compte parmi les plus corrompus du monde selon plusieurs ONG, dénonce un «dossier vide» servant à appuyer «un racket judiciaire». Il n'hésite d'ailleurs pas à brandir la menace économique, rappelant aux autorités françaises que des grands groupes comme Bouygues, Total ou Air France ont des intérêts dans le pays – et que les quelques millions d'euros soupçonnés d'avoir été blanchis en France font pâle figure à côté des quelques dix milliards de facture commerciale entre la France et la Guinée-Equatoriale, au profit de cette dernière.
Récemment, la presse s'était fait l'écho du train de vie somptuaire de Théodorin Obiang. Grands couturiers, hôtel particulier de 101 pièces sur l'avenue Foch estimé à 25 millions d'euros dans lequel il avait réalisé pour 11 millions d'euros de travaux, collection de voitures de luxe, drogues, prostituées, enchères d’œuvres d'art... Les sommes dépensées par ce magnat vivant pratiquement exclusivement à Paris entre 2004 et 2011 proviendraient, selon les associations Sherpa et Transparency France, d'argent public guinéen détourné. La Guinée-Equatoriale est un pays très pauvre. Comme le note Le Monde, la valeur des deux yachts de Théodorin Obiang, autour de 250 millions de dollars, représente dix fois le budget annuel de l’éducation du pays.