Première sanction contre l'animateur Cyril Hanouna : le CSA a privé de publicité pour trois semaines Touche pas à mon poste (TPMP), son émission phare sur la chaîne C8, pour deux séquences diffusées fin 2016 et qui avaient suscité des plaintes, l'une pour atteinte au respect de la personne humaine et l'autre pour sexisme.
Cette décision «s'applique aux émissions en direct comme à leurs rediffusions pour une durée totale de trois semaines au cours du mois de juin» et prend effet pendant l'émission, ainsi que 15 minutes avant et 15 minutes après sa diffusion, précise le régulateur dans un communiqué publié le 7 juin.
C'est la première fois que le CSA applique ce type de sanction. La procédure a été particulièrement rapide, les dirigeants de la chaîne ayant été auditionnés le 7 juin au matin.
Selon une source proche du dossier, la mesure coûterait à la chaîne entre 1,5 million et deux millions d'euros. C8 peut faire appel auprès du Conseil d'Etat.
Avec cette mesure, le CSA espère casser la spirale du buzz qui permet de vendre plus facilement des écrans publicitaires aux annonceurs. Le gendarme de l'audiovisuel espère aussi faire prendre conscience à l'animateur, qui collectionne les avertissements, qu'il doit en tenir compte.
C8 dénonce un «acharnement inéquitable»
La décision du gendarme de l'audiovisuel est très mal passée du côté de la chaîne C8. Dans un communiqué publié le 8 juin dans la matinée, la direction du média a annoncé qu'elle comptait «prendre toutes les mesures juridiques nécessaires».
«Ces sanctions qui visent à priver de ressources publicitaires l'émission phare de la chaîne pour une durée de trois semaines, frappent par leur caractère disproportionné et discriminatoire. Elles témoignent du traitement inéquitable dont "Touche pas à mon poste" est victime de la part du CSA, alors que de nombreuses séquences problématiques diffusées à la télévision et à la radio ne font à elles l'objet d'aucune réaction», déclare le communiqué de la chaîne.
40 000 plaintes pour le canular homophobe
Une procédure de sanction est toujours en cours pour un canular jugé homophobe diffusé en mai dernier, qui a déclenché une avalanche de réactions et pour lequel l'animateur, habitué des polémiques, s'est excusé. Pour cette séquence, le CSA a enregistré un nombre de plaintes de téléspectateurs record (près de 40 000 au 7 juin).
Dans cette dernière affaire, la société de production de Cyril Hanouna H2O, a déposé deux plaintes contre X pour «dénonciation calomnieuse» et «diffusion de fausses nouvelles» et une plainte en diffamation contre le président de l'association Le Refuge, qui aide les victimes d'homophobie.
Les deux sanctions déjà engagées contre C8 par le CSA concernent deux séquences diffusées en novembre et décembre 2016.
La première, diffusée le 3 novembre dernier, montrait des images tournées en caméra cachée du chroniqueur Matthieu Delormeau victime d'un canular organisé par l'animateur-producteur de l'émission.
Le chroniqueur, «présenté comme témoin d'une agression mortelle commise par l'animateur, est sommé de s'accuser du crime et apparaît n'être informé de la manipulation que le lendemain, ce qui l'a placé dans une situation de détresse et de vulnérabilité manifeste pendant toute la durée de l'émission», estime le CSA.
«En diffusant cette séquence la société C8 a gravement méconnu son obligation de faire preuve de retenue dans la diffusion d'images susceptibles d'humilier les personnes», affirme le régulateur. Le CSA précise que la séquence vaut à l'émission une semaine de suspension de publicité.
La deuxième séquence a été diffusée le 7 décembre. On y voit Cyril Hanouna proposer à l'une des chroniqueuses de TPMP, Capucine Anav, de fermer les yeux et de poser ses mains sur lui, pour deviner quelle partie du corps elle touche, jusqu'à ce qu'elle pose ses mains sur son sexe.
«Le CSA a considéré que cette scène méconnaissait les dispositions de la loi du 30 septembre 1986 qui lui donnent la responsabilité de lutter contre les stéréotypes, les préjugés sexistes, les images dégradantes et les violences faites aux femmes, en particulier dans les émissions ayant un impact important sur le jeune public», assure le CSA. Le régulateur précise que la sanction vaut à TPMP deux semaines supplémentaires de privation de publicité.
Boudée par des annonceurs massivement interpellés sur Twitter, TPMP a suspendu pour quelques jours fin mai la diffusion de publicités, ce qui lui a valu un manque à gagner d'environ un million d'euros, selon Le Figaro. Depuis début juin, quelques spots sont de nouveau diffusés.
Poule aux œufs d'or de C8, l'émission, qui terminera sa saison le 23 juin, réalise régulièrement des records d'audience, notamment auprès des jeunes téléspectateurs. Dans la soirée du 7 juin, TPMP a attiré 1,5 million de téléspectateurs, soit 6,2% de part d'audience, faisant de C8 la cinquième chaîne la plus regardée et la première pour la TNT.
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