Philippe juge que Ferrand peut rester au gouvernement, mais comprend «l'exaspération des Français»
Le Premier ministre a confirmé que Richard Ferrand pouvait garder son ministère, estimant qu'il n'avait pas failli à son devoir d'exemplarité. Le ministre de la Cohésion des territoires se trouve en pleine tourmente médiatique et politique.
Sur le plateau de France 2 le 30 mai, le Premier ministre Edouard Philippe a volé au secours du ministre de la Cohésion des territoires Richard Ferrand, actuellement au cœur d'une polémique concernant des opérations immobilières.
Lorsque David Pujadas lui a demandé si Richard Ferrand pouvait rester au gouvernement, l'ancien fidèle d'Alain Juppé s'est lancé dans un numéro d'équilibriste, affichant un soutien inconditionnel à son ministre tout en prenant en compte la gronde des électeurs : «Je dis oui, après avoir parfaitement compris, avoir parfaitement conscience de l'exaspération des Français, de leur émotion, de leur agacement.»
Affaire #Ferrand : des politiques réclament une enquête, le gouvernement dénonce un «hallali»https://t.co/EjYgIc1zzKpic.twitter.com/vD1hUb0O54
— RT France (@RTenfrancais) May 30, 2017
Pour justifier cette décision, Edouard Philippe a tenu à rappeler les règles «très claires» qu'il a fixées à son équipe gouvernementale et auxquelles Richard Ferrand ne ferait pas défaut : «La première, c’est qu’un ministre qui serait mis en examen devrait démissionner, il n’y a aucune ambiguïté là-dessus.»
«La deuxième règle, c’est d’être exemplaire, dans leur attitude de ministre et lorsque, y compris dans leur vie privée, ils s’expriment ou se comportent. Cette exemplarité voulue par le président de la République sera respectée strictement», veut croire le Premier ministre.
Mais sans même parler des soupçons de conflit d'intérêts, l'exemplarité – l'un des piliers de la campagne et du début de mandat d'Emmanuel Macron – a été mise à rude épreuve par David Pujadas, quand celui-ci a rappelé que le ministre avait embauché son fils durant quatre mois à l'Assemblée nationale, une pratique que vise à interdire la future loi de moralisation publique.
Ce rappel n'a pourtant pas fait ciller le chef du gouvernement, qui a assuré que même s'il avait été au courant de cette affaire, cela ne l'aurait pas empêché d'intégrer Richard Ferrand à son équipe «parce que ce [n'était] pas illégal».
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Quelques heures avant l'intervention d'Edouard Philippe, le ministre de la Cohésion des territoires avait diffusé un communiqué dans lequel il réfutait et condamnait tous les «soupçons» de l'article du Monde du 30 mai, qui l'accuse de «mélange des genres» entre affaires privées et vie publique.
«Le climat de suspicion entretenu de façon continue est profondément dommageable pour notre démocratie dès lors qu’il est constamment réaffirmé, tant par les journalistes eux-mêmes que par les parquets, qu'il n’existe aucune manœuvre frauduleuse ou quelconque illégalité», estime le ministre et candidat aux législatives.
Jusqu'alors, de nombreux responsables politiques – de divers bords – ont appelé à l'ouverture d'une enquête afin de faire la lumière sur cette affaire.