France

Marielle de Sarnez visée par une enquête pour soupçons d'emplois fictifs

Après une dénonciation du Front national, une procédure a été ouverte contre 19 eurodéputés, dont la ministre des Affaires européennes Marielle de Sarnez, soupçonnés d'avoir rémunéré avec l'argent du Parlement européen des salariés de leurs partis.

Un article du Parisien révèle que le parquet de Paris a ouvert, le 22 mai dernier, une enquête pour «abus de confiance» à l'encontre de 19 eurodéputés français. Parmi les noms des parlementaires visés par cette procédure figure celui de Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem et ministre chargée des Affaires européennes. Jérôme Lavrilleux (LR) et Brice Hortefeux (LR) sont également visés par cette enquête.

L'enquête du parquet a été ouverte après l'envoi d'une lettre de Sophie Montel, député européenne du Front national (FN), au procureur de la République de Paris, François Molins, le 14 mars dernier. Alors que le FN était lui-même soupçonné d'avoir fait rétribuer par le Parlement européen des salariés du parti en leur attribuant des emplois présumés fictifs, Sophie Montel écrivait qu'«au nom du principe d'égalité», elle demandait à la justice de faire la lumière sur la situation d'une trentaine d'assistants parlementaires employés par 19 de ses pairs à Strasbourg.

«Je suis contrainte de porter à votre connaissance des éléments attestant que plusieurs élus français au Parlement européen ont à leur service des assistants ayant par ailleurs des fonctions au sein de leur formation politique respective», expliquait-elle. Si la lettre date de plusieurs semaines, Marielle de Sarnez a annoncé le 30 mai qu'elle portait plainte contre Sophie Montel pour dénonciation calomnieuse.

Les éléments transmis par Sophie Montel semblent pourtant s'être révélés suffisamment solides pour que le magistrat décide d'ouvrir une enquête. Contactée par le Parisien, Marielle de Sarnez assure pourtant n'avoir rien à se reprocher. «J'ai toujours respecté le règlement du Parlement européen», se défend-elle. Elle explique avoir employé Philippine Laniesse, une jeune femme de 26 ans, «six ou huit mois à temps partiel à Paris» après une vérification d'usage avec le Parlement. «Elle a fait son travail avant de démissionner il y a un mois», ajoute le ministre. Depuis, Philippine Laniesse a été nommée responsable de la communication... au ministère des Affaires européennes.

Dans un contexte de multiplications des affaires, le gouvernement n'est pas épargné

Quel emploi a réellement exercé Philippine Laniesse auprès de Marielle de Sarnez au Parlement européen ? C'est ce que devra déterminer l'Office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff). L'intéressée, en plus de son nouveau poste au ministère, est également élue au Conseil régional d'Ile-de-France ainsi qu'au conseil municipal du XIXe arrondissement de Paris. Sollicitée par le Parisien, elle n'a pas souhaité s'expliquer.

L'enquête ouverte par le parquet est décrite comme un «copier-coller» de celle lancée en pleine campagne pour la présidentielle à l'encontre du FN en mars dernier, et dans le cadre de laquelle Marine Le Pen avait d'ailleurs refusé de s'expliquer devant les juges. Pourquoi le Front national s'est-il alors fendu d'une lettre de dénonciation ? Pour démontrer que les pratiques qui lui sont reprochées n'ont rien d'exceptionnel et demander à ce que ses députés ne fassent pas l'objet d'un traitement d'exception. En effet, les 19 eurodéputés visés par l'enquête ne représentent pas moins d'un quart de la totalité des élus français au Parlement européen. «Ce genre de pratiques relève du sport national», confirme une source proche de l'enquête citée par Le Parisien.

Cette procédure à l'encontre de Marielle de Sarnez intervient alors qu'un autre membre du gouvernement d'Edouard Philippe, Richard Ferrand, est lui aussi au cœur d'accusations. Le Canard enchaîné révélait en effet le 24 mai que le ministre de la Cohésion des territoires aurait effectué un montage immobilier, lorsqu'il était directeur général des Mutuelles de Bretagne en 2011, pour favoriser la société de son épouse. D'autre part, le ministre a reconnu avoir embauché son fils en tant qu'attaché parlementaire entre janvier et mai 2014, pour une somme avoisinant les 7 000 euros nets.

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