Dans l'amertume de la défaite, une guerre interne pourrait secouer le FN après les législatives
- Avec AFP
Sonnés après leur défaite, même s'ils ont obtenu un nombre de voix record, des membres du Front national questionnent la ligne et la stratégie de campagne de Marine Le Pen, mais aussi ses capacités à mener le combat.
Les résultats du second tour de la présidentielle ont laissé amers de nombreux membres du Front national (FN), qui espéraient obtenir davantage que les 33,9% des suffrages récoltés par leur candidate et ancienne présidente, Marine Le Pen.
«En dynamique, on s'attendait à gagner dans la première semaine [de l'entre-deux-tours], ensuite on a acté que ce ne serait pas une victoire, mais on espérait un score meilleur», a expliqué Jean Messiha, jusque-là coordinateur du projet présidentiel de la candidate frontiste.
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En privé, des cadres interrogés par l'AFP parlent de «déception», voire de «gâchis».
La ligne «ni droite ni gauche» est en cause pour certains, alors que l'électorat de droite traditionnelle s'est majoritairement reporté sur Emmanuel Macron, à 61% selon l'Ifop. «Le côté trop clivant, lutte des classes, est stupide», a jugé un élu.
Le peuple français «risque de souffrir», prévient Nicolas Bay, secrétaire général du #FN@nicolasbayfnhttps://t.co/Lh79W8f9xkpic.twitter.com/Bjt4LgxzgJ
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La sortie de l'UE et de l'euro a été un épouvantail pour un grand nombre d'électeurs, a relevé le 8 mai Pascal Gannat, patron du FN en Pays-de-la-Loire. Il faut un aggiornamento sur l'euro, a ajouté Robert Ménard, maire de Béziers, élu avec l'appui du FN.
Marine Le Pen sera-t-elle remise en cause ?
Au pilori également, selon un bon connaisseur du FN, «les zigzags» de Marine Le Pen pendant six mois de campagne «sans cohérence», entre la ligne sociale de Florian Philippot et une ligne plus droitière.
«Marine Le Pen a un potentiel énorme, mais elle ne sait pas s'entourer», a tranché un conseiller régional. «Tous ne sont pas des professionnels», a estimé un eurodéputé. Visés notamment, Florian Philippot, vice-président du FN, et Philippe Olivier, beau-frère de Marine Le Pen.
La prestation de Marine Le Pen lors du débat télévisé du 3 mai, devant 16,5 millions de téléspectateurs, cristallise les critiques. Elle a même réussi à démobiliser des fidèles, assurent des responsables locaux. «Je ne l'aurais pas conduit comme ça», a froidement estimé Bruno Gollnisch sur LCP à propos du débat qui l'a opposée à Emmanuel Macron. «Elle est grillée», lâche même un élu. C'est une question posée par des cadres, qu'on ne peut pas nier, confirme cet élu du Sud-Ouest.
D'aucuns attendent le Congrès, prévu cet hiver, pour une grande explication. «Jusqu'aux législatives, on soutient. Mais des cadres veulent ruer dans les brancards au Congrès. Sinon, on restera une machine à gâcher des cadres compétents», a prévenu un élu régional.
Pour lancer un nouveau cycle, Marine Le Pen a annoncé une prochaine «transformation profonde» du parti, vieux de 45 ans. Outre des questions de ligne, le nom même du parti devrait changer de nom, a déclaré Florian Philippot.
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