Les Etats-Unis ont affirmé avoir détruit une partie importante de l'aviation syrienne dans leur bombardement du 7 avril sur la base d'Al-Chaayrate, près de la ville de Homs en Syrie. Le 10 avril, le chef du Pentagone Jim Mattis a souligné que la frappe avait «endommagé ou détruit 20% des appareils opérationnels de la Syrie».
Par ailleurs, le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis a averti Bachar el-Assad de ne pas procéder à de nouvelles frappes chimiques, cause officielle du bombardement américain sur la base syrienne d'Al-Chaayrate.
«Les Etats-Unis ne resteront pas passifs si Assad tue des innocents avec des armes chimiques» et la Syrie «serait mal avisée d'utiliser à nouveau des armes chimiques», a ainsi déclaré la Défense américaine.
Le Pentagone a lancé cette mise en garde, à la veille d'une visite du secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson en Russie, principal allié de Damas.
Rex Tillerson se rend en effet à Moscou le 11 avril après son passage à Lucques (Italie) les 10 et 11 avril pour une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7, qui tente de faire pression sur la Russie pour qu'elle revoit son soutien au gouvernement syrien.
Le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer est allé plus loin, laissant entendre que l'utilisation de «barils d'explosifs», serait désormais elle aussi une limite à ne pas franchir.
Moscou et Téhéran, autre allié de Damas, ont menacé Washington de «réagir fermement» à toute nouvelle «agression contre la Syrie», après la frappe américaine.
Piste d'atterrissage intacte, la base rouverte dès le lendemain ...
Le ministère russe de la Défense a également déclaré que la frappe avait détruit un entrepôt de logistique, un corpus éducatif, une salle à manger, six avions stationnant dans un hangar et un radar de radiolocalisation.
Dans le même temps, le Kremlin a fait savoir que la piste d'atterrissage et les avions stationnés sur les parkings n'avaient pas été endommagés. Rex Tillerson a d'ailleurs lui-même précisé que les Américains avaient délibérément épargné la piste de décollage, sans cependant en expliquer la raison.
Par ailleurs, la Russie a décrit le bombardement américain comme ayant été «de faible efficacité», au regard du nombre de missiles ayant raté leur cible. 23 missiles sur 59 tirés auraient atteint leurs objectifs, selon Moscou, et ce qui est advenu des autres projectiles reste inconnu.
Dès le lendemain du bombardement, la base d'Al-Chaayrate était d'ailleurs rouverte, comme l'a raconté un correspondant de l'agence RIA Novosti affirmant que les avions décollaient et se posaient sans encombres.
Quelques heures après la frappe aérienne américaine, Moscou s'était indigné, déclarant qu'il s'agissait là d'une «attaque contre un Etat souverain, violant le droit international en usant d'un prétexte artificiel».
«Nous considérons les actions américaines comme une violation criante du Mémorandum sur la compréhension et la prévention des incidents de vol et de la sûreté aérienne que nous avons signé pour l'espace aérien syrien en 2015», avait en outre fait savoir le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov, ajoutant que les justifications américaines pour cette frappe étaient «sans fondement».
Damas dénonce une attaque «irresponsable» qui a causé des pertes essentiellement civiles
Par ailleurs, l'agence de presse syrienne SANA, a fait état, le 7 avril, de la mort de neuf civils, dont quatre enfants, et de sept blessés dans des villages situés à proximité de la base d'Al-Chaayrate.
L'armée syrienne avait également fait savoir que dix soldats syriens avaient été tués dans les frappes, ce qui porterait le nombre de victimes à 19 au total.
Les journalistes de Ruptly ont rencontré les habitants du village d'Al-Chaayrate, qui ont livré leurs témoignages et montré les dégâts causés par les frappes américaines.
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Dans un communiqué officiel, Damas avait qualifié le bombardement américain d'«imprudent» et d'«irresponsable», ajoutant que «cette agression renforç[ait] davantage la volonté de la Syrie de frapper les terroristes partout où ils se trouv[aient]».
Le 7 avril, les Etats-Unis ont lancé 59 missiles Tomahawk contre la base militaire syrienne d'Al-Chaayrate depuis des navires de guerre croisant en Méditerranée. Les frappes ont été ordonnées par le président américain Donald Trump en réponse à l’attaque chimique présumée du 4 avril sur Khan Cheikhoun, imputée à Bachar el-Assad par Washington.