La question européenne électrise un débat présidentiel dominé par les eurosceptiques
L'UE a fait les frais du débat qui a réuni les 11 prétendants à l'Elysée. Alors que François Asselineau prône le Frexit et que Marine Le Pen annonce un référendum sur ce sujet, les autres candidats ont promis des réformes.
L'Union européenne (UE) a occupé une place de choix lors du débat présidentiel du soir de 4 avril. C'est, d'abord, via la question sensible de la directive européenne des travailleurs détachés que les candidats ont abordé cette question.
«C'est inacceptable que des personnes qui viennent de Roumanie, de Pologne, d'Espagne et ne paient pas les charges sociales, quand nos artisans, nos indépendants les paient», s'est ainsi indigné en début de débat le champion du mouvement souverainiste Debout La France (DLF), Nicolas Dupont-Aignan. Une position partagée par son concurrent de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a annoncé qu'il n'y aurait plus de travailleurs détachés s'il était élu.
#Melenchon : "Je suis élu : plus de travailleurs détachés"#Macron : "le problème c'est le travail détaché illégal" https://t.co/6GBZNAOtOJpic.twitter.com/JCQ73ek6yN
— RT France (@RTenfrancais) 4 avril 2017
Refusant de condamner le principe des travailleurs détachés, le pro-européen Emmanuel Macron a néanmoins dénoncé le «problème [du] travail décacheté illégal», et a proposé de réformer la directive en question via une «harmonisation sociale». Le candidat des Républicains François Fillon a de même jugé «absurde» d'interdire la libre-circulation des travailleurs européens, mais a promis d'imposer «un coût équivalent pour chaque travailleur dans chaque pays».
#Arthaud "ces discours sur l'Europe = de la diversion"#Melenchon "elle sous estime les super-structures juridiques" https://t.co/6GBZNAOtOJpic.twitter.com/PiefErTdDQ
— RT France (@RTenfrancais) 4 avril 2017
Refusant d'accorder une importance cruciale à la question des travailleurs détachés, la candidate de Lutte ouvrière (LO) Nathalie Arthaud a quant à elle dénoncé une «diversion». «Ce n'est pas l'Europe qui impose la flexibilité, qui oblige les grands groupes à écraser les petites entreprises», a-t-elle martelé.
Sortir de l'UE...
Outre le sujet précis des travailleurs détachés, les prétendants à l'Elysée ont profité de leur présence sur le plateau de BFMTV/CNews pour clarifier leur position vis-à-vis de l'UE. Les candidats souverainistes, en particulier, n'ont pas manqué d'exploiter les questions des journalistes pour s'épancher sur leur sujet de prédilection.
Interrogé sur l'emploi, le fondateur de l'UPR François Asselineau a ainsi jugé que toutes les propositions de ses concurrents étaient inapplicables dans le cadre des traités européens. «Ils ne vous disent pas la vérité. Tous les traités européens nous cadenassent dans une politique économique et sociale intenable pour les Français», a lancé le candidat, favorable à un «Frexit» sans passer par un référendum. «Soit on continue à enfumer les Français, soit on organise la sortie de la France de l'Union Européenne», a également prévenu François Asselineau au cours de la soirée.
.@UPR_Asselineau "les dirigeants français n'ont plus les manettes, les grandes décisions sont prises ailleurs" https://t.co/6GBZNAOtOJpic.twitter.com/rre4lVystq
— RT France (@RTenfrancais) 4 avril 2017
Marine Le Pen a rétorqué à celui-ci que contrairement à lui, elle souhaitait laisser les Français trancher sur ce sujet par référendum. «La différence entre vous et moi, c'est que je veux que ce soient les Français qui en décident», a déclaré la présidente du Front national (FN) à François Asselineau.
Jacques Cheminade, de son côté, a défendu l'idée de sortir de l'Europe actuelle pour «recréer la vraie Europe, celle des pères fondateurs».
... ou la réformer ?
En outre, même les candidats ouvertement favorables à la construction européenne ont promis de corriger celle-ci. Alors qu'on lui demandait si sa vision positive de l'UE n'était pas naïve, le leader d'En Marche ! Emmanuel Macron a fait savoir qu'il était «pour réformer les choses mais avec un dialogue constructif» ce à quoi Nicolas Nicolas Dupont-Aignan a réagi : «Ça fait 20 ans qu'on entend ça !»
Assez similairement, François Fillon a décrit une «Europe à la dérive», qu'il se propose de réformer, en permettant à la France de «repren[dre] les rênes de l'Union européenne».
« On a besoin que l'Europe se concentre sur des objectifs stratégiques » @FrancoisFillon#JeVoteFillon#LeGrandDébatpic.twitter.com/tZUNw6in3w
— Fillon 92 11ème (@11eme92) 4 avril 2017
Le candidat du NPA Philippe Poutou, lui, a dénoncé l'Europe «[qui] a permis l'austérité», tout en appelant de ses vœux «une Europe collective, populaire et solidaire».
«Il y a une majorité d'eurosceptiques sur le plateau»
Ce débat télévisé a mis en lumière la proportion inédite de candidats eurosceptiques lors de cette élection présidentielle : sur les 11 prétendants à l'investiture suprême, un promet la sortie pure et simple de la France de l'UE (François Asselineau), un autre appelle de ses voeux «une autre Europe» (Jacques Cheminade), un s'engage à mettre en place un référendum sur ce sujet (Marine Le Pen) et plusieurs autres, enfin, tiennent des propos particulièrement durs vis-à-vis des institutions européennes actuelles (Nicolas Dupont-Aignan) ou des politiques autoritaires découlant des traités européens (Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou). Une situation d'ailleurs relevée par l'une des deux journalistes animant le débat, Ruth Elkrief : «Il y a une majorité d'eurosceptiques sur le plateau.»
Lire aussi : Brexit, le début de l'Apocalypse ? «Il faut arrêter de délirer»