Rien ne va plus pour Benoît Hamon. Abandonné par plusieurs figures du Parti socialiste, rattrapé et dépassé dans les sondages par son rival de gauche Jean-Luc Mélenchon, le candidat socialiste risque de voir sa campagne électorale se transformer en un véritable chemin de croix.
Pour ne rien arranger, une scène surréaliste a été filmée le 29 mars dernier par les équipes de l'émission de télévision C politique dans les coulisses du meeting de Benoît Hamon à Lille. On peut y voir les proches du vainqueur de la primaire de la gauche tenter de le réconforter après la publication des derniers sondages le plaçant loin derrière le leader du mouvement la France insoumise.
«Qu'est-ce qu'il y a Benoît ? T'énerves pas à lire les tweets !», lui recommande ainsi Martine Aubry, la maire de Lille tandis que la députée Europe-Ecologie Les Verts, Cécile Duflot, plaisante : «Je vais te confisquer ton téléphone.»
Alors que Benoît Hamon, visiblement dépité, se défend de regarder Twitter, un désaccord improbable survient entre le sénateur David Assouline et Martine Aubry. Si le sénateur claironne : «La salle est ultra-pleine, il y a 5 000 personnes» en précisant qu'avec «le monde dehors, ça fera 7 000», la maire de Lille n'hésite pas à le couper immédiatement.
«Non, moi, je ne raconte jamais de conneries. 7 000, ça ne tiendrait pas dans cette salle, je serais obligée de faire évacuer», lui rétorque-t-elle. David Assouline tente bien de répondre : «Mélenchon, il dit 120 000, ça c’est vraiment exagéré» mais Martine Aubry rétorque avec force : «Oui, bon d'accord, mais nous, on n'est pas Mélenchon. On est honnêtes, nous, comparés à tous les autres candidats.»
Lors du meeting de Jean-Luc Mélenchon organisé à Paris le 18 mars, la France insoumise avait revendiqué la présence de 130 000 partisans. Ce chiffre avait été considéré par certains comme étant surestimé. Une polémique similaire avait également éclaté le 5 mars lorsque les soutiens du candidat de la droite, François Fillon, avaient avancé que 200 000 personnes s'étaient rassemblées à Paris lors du meeting du candidat sur la place du Trocadéro. Cette estimation avait été jugée largement exagérée.
Si ces batailles de chiffres semblent apporter de l'eau au moulin de Martine Aubry, de mauvaises langues pourraient toutefois rappeler que le candidat socialiste ne s'est toujours pas aventuré à organiser un rassemblement aussi important que celui de son principal rival à gauche, Jean-Luc Mélenchon.