A la suite de la fusillade de Grasse et de l'attentat au colis piégé au siège parisien du Fonds monétaire international (FMI), François Hollande a écarter toute idée de lever l'état d'urgence votée par le Parlement en décembre 2016. La mesure restera donc en vigueur jusqu'au 15 juillet 2017. Si l'instauration du régime d'exception doit être validé par les parlementaires, le chef d'Etat peut le suspendre. Comme François Hollande a renoncé à se succéder à lui-même, ce sera un président qui, à l'issue de l'élection, en aurait le pouvoir.
Emmanuel Macron, un état d'urgence rebaptisé «société de la vigilance»
Comme ancien ministre de l'Economie de François Hollande, Emmanuel Macron a dû, à un moment donné, être d'accord avec la mise en œuvre de l'état d'urgence. Le candidat d'En Marche! reconnaît que l'état d'urgence ne peut durer indéfiniment. Il prône donc le «passage d'un état d'urgence» à «une société de la vigilance». Il s'agit pour le candidat, de «réaffirmer une capacité collective» à réagir aux troubles sécuritaires». Et de rester un peu flou, appelant de ses vœux : «une capacité collective à nous tenir debout, à faire un, à être à la hauteur de nos valeurs et de notre histoire, à ne pas céder à la panique, à ne pas céder à la pression ». En résumé : une société de la vigilance... permanente.
François Fillon, un état d'urgence pour un «état de guerre»
Le 19 novembre 2015, François Fillon vote pour l'instauration de l'état d'urgence. Avec constance, il vote pour toutes les prolongations, sauf la deuxième en mai 2016. Il n'était pas présent lors du vote à l'Assemblée. Celui qui dénonçait, en pleine tempête des emplois fictifs présumés – le «climat de quasi-guerre civile» en février 2017, évoquait déjà au lendemain de l'attentat au camion de Nice, le 14 juillet 2017, «une nouvelle forme de guerre mondiale» justifiant largement le maintien de l'état d'urgence. «Hier on voulait arrêter l'état d'urgence, on se demande pourquoi...», avait-il alors lancé.
Il y a fort à parier que la fusillade de Grasse et l'attentat au siège parisien du FMI ce 16 mars 2017 ne conforte ses convictions. Le 15 juillet 2016, déjà, François Filllon déplorait que l'état d'urgence ne suffisait pas «à assurer la sécurité des Français».
Marine Le Pen, «l'état d'urgence c'est du bidon»
Lors de l'instauration de l'état d'urgence, en novembre 2015, Marine Le Pen, soulignant la gravité de la situation après les attentats de Paris y était favorable. Mais, émettait, déjà, des réserves. « La vraie question, c’est : va-t-on être en état d’urgence permanent, avec des atteintes aux libertés individuelles de chacun d’entre nous ?», s'interrogeait-elle. Et d'ajouter : «A chaque nouvel attentat terroriste, au lieu de se concentrer sur les gens qui sont dangereux, on considère qu’il faut surveiller tous les citoyens».
En mai 2016, au micro de Jean-Pierre Elkabach sur Europe 1, la candidate souverainiste rappelait tout le mal qu'elle pensait de la mesure d'exception. «Nous sommes la risée du monde», avait-elle déploré, «nous sommes en état d'urgence. Or, il y a depuis deux mois dans notre pays des violences tous les jours, 300 policiers blessés sans que le gouvernement soit capable de lever le petit doigt».
Jean-Luc Mélenchon, l'état d'urgence ennemi de son peuple
Le candidat de la France insoumise n'aime vraiment pas l'état d'urgence. Après les attentats de Paris et le massacre du Bataclan, la mise en place du régime d'exception avait fait bondir Jean-Luc Mélenchon : «L’état d’urgence c’était donc bien ça : un instrument de plus pour criminaliser les mouvements sociaux !», vitupérait-il alors. Le 30 janvier 2016, l'ex-sénateur socialiste appelait à manifester contre l'état d'urgence. Nul doute que si le candidat parvenait à l'Elysée, il suspendrait la mesure d'exception.
Benoît Hamon, l'Etat de droit plutôt que l'état d'urgence
Lors du débat de la primaire à gauche, Manuel Valls avait reproché à Benoît Hamon de s'être abstenu lors du vote sur la prolongation de l'état d'urgence le 13 décembre 2016. Le désormais candidat du Parti socialiste s'était alors défendu déclarant que l'état d'urgence «ne [pouvait] être permanent» et «n'[avait] été efficace que durant le premier mois après sa mise en oeuvre». Ainsi, estimait-il, «la prolongation ne se justifie pas. On peut mener une lutte implacable contre le terrorisme en restant attentif à ce qu'est l'État de droit». «Dès lors que les lois antiterroristes et renseignement permettent à la police et à la justice d’agir plus efficacement», avait-précisé dans un entretien au Monde.
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