Un porte-parole de Jean-Luc Mélenchon dénonce «l’oligarchie» médiatique en France
Alexis Corbière, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, a critiqué le 2 mars le trop petit nombre d’individus qui exercent un contrôle sur les médias français lors des Rencontres de l'Udecam, qui représente les agences médias.
«Les médias aujourd'hui en France sont sous le contrôle d'une oligarchie : neuf personnes possèdent 80% des médias.» Si Alexis Corbière n’est pas le premier à émettre ce genre de critique, les mots n’en restent pas moins forts. Le 2 mars, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon s’exprimait devant les représentants des agences médias lors des Rencontres de l'Udecam et en a profité pour dénoncer ce qu’il considère comme «une concentration inacceptable dans une démocratie».
"Les médias en France sont sous le contrôle d'une oligarchie" selon A Corbière, Porte parole JL Mélanchon #Udecam
— Aymeric Marolleau (@AymericMlo) 2 mars 2017
Citant en exemple le Conseil national de la résistance qui «refusait que les médias soient sous la pression des puissances d'argent», il a lancé: «Qui peut dire que ce n'est pas le cas aujourd'hui ?»
Jean-Luc Mélenchon pour le «Conseil supérieur des médias»
Mais que préconise au juste le candidat de la gauche de gauche ? «Nous sommes pour la création d'un Conseil supérieur des médias» en fusionnant notamment le CSA, le Bureau de vérification de la publicité, et «qui réunisse des représentants de l'exécutif, du législatif, des professionnels et des associations d'usagers», a expliqué Alexis Corbière. La constitutionnalisation de l'indépendance des médias est également une piste du côté du camp Mélenchon.
Dans le détail, le porte-parole du candidat de La France Insoumise s’est dit favorable à l’abrogation des décrets Tasca des années 2000. Ces derniers obligent notamment les télévisions à recourir à des producteurs indépendants. Il souhaite ainsi «reconstituer un audiovisuel public puissant», notamment pour la production, a-t-il dit en évoquant l'ancienne SFP (Société française de production, privatisée en 2001).
Si le #CSA ne réagit pas, #NDA poursuivra #TF1 en justice pour sa «confiscation» du débat présidentiel https://t.co/x95iDxK9ORpic.twitter.com/AprFJD9SfD
— RT France (@RTenfrancais) 24 février 2017
Pas de changements brusques pour le petit écran. France Télévisions devrait, en cas d’élection de Jean-Luc Mélenchon, garder le même nombre de chaînes et le même niveau de publicité. Cependant, le choix du président du groupe relèverait du Parlement, après présentation par les candidats de leur projet devant les citoyens. Delphine Ernotte Cunci, l’occupante actuelle du poste, a été choisie par le CSA.
Le représentant de Jean-Luc Mélenchon a aussi préconisé un taxation des GAFA (géants de l'internet et du e-commerce) en fonction du chiffre d'affaires réalisé en France.
Aujourd’hui, une poignée d'hommes d'affaires détiennent les grands groupes médias français : Martin Bouygues (TF1), Xavier Niel, Mathieu Pigasse et Pierre Bergé (Le Monde, l'Obs), Serge Dassault (le Figaro), Bernard Arnault (Les Echos, le Parisien), Vincent Bolloré (Canal+), Patrick Drahi (BFMTV, Libération, L'Express...) François Pinault (Le Point) et Arnaud Lagardère (Europe 1, Paris Match)...
.@BFMTV : la chaîne #Macron-compatible ? Réponse en statistiques https://t.co/obSQsjKA0lpic.twitter.com/0quEU3CwXT
— RT France (@RTenfrancais) 22 février 2017
Benoît Hamon veut faire jouer le levier financier
Visiblement, les équipes de Jean-Luc Mélenchon ne sont pas les seules à s’intéresser au problème. Benoît Hamon, candidat du Parti socialiste, a déclaré le 2 mars vouloir lutter contre la concentration des médias en interdisant à un groupe de détenir «plus de 40% du capital d'une entreprise de médias» ou de «dépasser le seuil de 20% dans plus de deux médias».
«Nous ne pouvons pas continuer avec une situation de surconcentration des médias», a lancé le vainqueur de la primaire organisée par le Parti socialiste lors des Rencontres de l’Udecam.
#Hamon prevoit loi anti concurrentielle stricte : pas un acteur au dessus de 40% du captal d un grpe media. #rencontres2017
— Marc Baudriller (@BAUDRILLER) 2 mars 2017
Il a fustigé, sans les désigner directement, le groupe Bolloré qui a fait publier «une trentaine d'articles» sur son service de véhicules en autopartage Autolib dans le titre gratuit Direct Matin qu'il contrôle et ceux qui dépendent «de la commande publique d'une main et contrôlent une chaîne de télévision», comme notamment TF1.
Si le constat se rejoint, les remèdes sont différents entre les camps Mélenchon et Hamon. Pour ce dernier, les conseils d'administration des groupes audiovisuels publics doivent nommer leur président plutôt que le CSA, «sur le modèle de l'AFP».
«Il faut modifier leurs conseils d'administration et que cette compétence leur revienne, et ne soit plus celle exclusive du CSA dont on peut considérer qu'il est juge et partie, a estimé le candidat.
Dans le détail de ses autres propositions, on trouve la création de nouveaux médias indépendants grâce à des fonds de dotation et la naissance d’un nouveau «statut de sociétés de médias à but non lucratif».
«Du #Bollore derrière» ? @itele accusé d'avoir censuré l'affaire #PenelopeFillon sur ses antennes https://t.co/KwE3jh4fRBpic.twitter.com/T7jMruWgbi
— RT France (@RTenfrancais) 27 janvier 2017
Pour ce qui est de la suppression totale de la publicité sur France Télévisions, Benoît Hamon dit «hésiter encore». S’il souhaite un tel objectif, il estime que «dans l'immédiat il serait difficile» de se passer de cette «recette importante».
Il veut également «plus de coopération et de synergie entre l'Arcep et le CSA» et une «amélioration de la régulation» des médias sur internet.
Enfin, Benoît Hamon a plaidé pour un maintien de la redevance avec une assiette élargie notamment aux résidences secondaires.