Soupçonné d'avoir tiré sur les forces de l'ordre, un frère d'Adama Traoré mis en examen
- Avec AFP
Bagui Traoré, un des frères d'Adama Traoré, et sa compagne ont été mis en examen à Pontoise, soupçonnés d'avoir tiré sur des gendarmes et des policiers lors des violences qui avaient suivi la mort du jeune homme lors de son arrestation en juillet.
Mis en examen pour tentatives d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique, Bagui Traoré et sa compagne deux devaient être présentés dans la soirée à un juge des libertés et de la détention en vue d'un éventuel placement en détention provisoire, a déclaré jeudi 2 mars à l'AFP leur avocat Me Yassine Bouzrou.
Bagui Traoré, 26 ans, avait été extrait de la maison d'arrêt du Val-d'Oise, où il est incarcéré pour d'autres faits de violences, et placé en garde à vue mardi matin avec sa compagne et trois autres personnes, relâchées depuis. Trois armes longues avaient été saisies en perquisition.
«La compagne de Bagui Traoré a été interpellée, séparée de son enfant, puis entendue menottée et ce, contrairement à la loi et aux usages en la matière», a protesté Me Bouzrou.
Sa sœur et sa mère ont également été entendues, la famille Traoré dénonçant «un acharnement du tribunal de Pontoise», a ajouté l'avocat. Il demande le dessaisissement des juges d'instruction de Pontoise, à l'instar du dépaysement à Paris ordonné dans l'enquête sur la mort d'Adama Traoré.
Après la mort du jeune homme le 19 juillet, des violences avaient éclaté à Beaumont-sur-Oise dans le Val d'Oise, d'où il était originaire, et dans les communes voisines: tirs d'armes à feu et de mortiers artisanaux, véhicules incendiés, bâtiments publics pris pour cible.
Selon les autorités, une soixantaine de coups de feu avaient été tirés pendant ces cinq nuits, 13 policiers et gendarmes avaient été blessés. Une information judiciaire avait été ouverte pour tentatives d'assassinat et dégradation par moyens dangereux, et l'enquête confiée à la section de recherches de Versailles.
En décembre, Bagui Traoré a été condamné à huit mois de prison ferme pour outrages et violences à l'égard de policiers municipaux et gendarmes, lors d'un rassemblement organisé en marge d'un conseil municipal à Beaumont-sur-Oise en novembre. Il avait déjà 12 condamnations à son actif pour des vols avec violence et des extorsions, selon le procureur.
Son frère Ysoufou a écopé de six mois de prison dont trois avec sursis pour outrages et menaces de mort.
Manifestation de soutien samedi
Le cas d'Adama Traoré s'est trouvé de nouveau au cœur du débat public depuis qu'a éclaté l'affaire Théo, du nom de ce jeune homme de 22 ans, victime d'un viol présumé à la matraque lors d'une interpellation début février à Aulnay-sous-Bois.
Lors d'une conférence de presse organisée mardi en fin de journée, sa sœur Assa Traoré, devenue porte-parole de la famille, a dénoncé un «acharnement de la part de l'État, de la part des forces de l'ordre, de la justice». «Ils veulent nous faire flancher, ils veulent nous faire tomber, dissoudre notre lien familial, notre comité, mais "on ne lâchera pas», a lancé la jeune femme.
Le comité de soutien à Adama Traoré a annoncé qu'une manifestation aurait lieu samedi à Beaumont-sur-Oise.
Fin décembre, trois juges d'instruction ont été désignés à Paris, après le dépaysement de l'enquête, pour poursuivre les investigations sur les conditions de la mort d'Adama Traoré. L'enquête n'a à ce stade donné lieu à aucune mise en examen.
Sa famille dénonce une bavure des gendarmes, qui étaient venus arrêter son frère Bagui. Ces derniers assurent de leur côté n'avoir porté aucun coup au jeune homme.
Malgré deux autopsies, la cause du décès n'a pu être établie avec certitude, mais les médecins ont mis en évidence un syndrome asphyxique.
Lors de son arrestation, Adama Traoré avait été maintenu au sol sous le poids des corps de trois gendarmes, selon une source proche de l'enquête citant les déclarations de l'un des militaires.
Une autre interrogation porte sur les secours apportés au jeune homme quand il a commencé à se sentir mal. Son décès avait été constaté environ une heure et demie après son interpellation.
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