Affaire des tweets racistes de Mehdi Meklat : Taubira, Les Inrocks et le Bondy Blog s'expliquent
Eclaboussés par l'affaire des tweets haineux de l'ex-journaliste Mehdi Meklat, Les Inrocks et Christiane Taubira, qui avaient collaboré avec lui pour un numéro, ont dénoncé ses propos. A la différence du Bondy Blog et de Pascale Clark.
Dans un éditorial du 20 février, Pierre Siankowski, directeur de la rédaction des Inrocks, n'a pas tenté de contester ni de relativiser le caractère raciste, homophobe ou antisémite des tweets de l'ex-journaliste Mehdi Meklat, qui avait eu l'honneur de partager la couverture du magazine avec Christiane Taubira, début février. «Ne cherchons pas d’excuse : dans leur lecture pure et dure, et qu’ils aient été publiés sous un autre nom que le sien, ces tweets sont abominables, abjects, et certains pris comme tels sont tout simplement antisémites, racistes et homophobes [...] C’est extrêmement grave et choquant et on ne peut que condamner ces propos», admet le responsable éditorial.
Néanmoins, insinue-t-il, Les Inrocks n'avaient qu'une connaissance limitée des messages publics sulfureux du jeune homme, lorsqu'ils l'ont interviewé et hissé en Une. Or, si Pierre Siankowski assure qu'«aucun journaliste ne peut éplucher de A à Z les tweets de celui ou ceux sur qui il produit un sujet», l'un des rédacteurs du magazine s'était tout de même donné la peine de consulter le flux Twitter de Mehdi Meklat et d'en conclure qu'il était, «la plupart du temps [...] drôle à en mourir»...
C'est bon, arrêtez tout. @lesinrocks trouvent le fil Twitter de @mehdi_meklat du @LeBondyBlog "drôle à mourir". pic.twitter.com/C7xy5eKLVj
— Laurent Bouvet (@laurentbouvet) 18 février 2017
En conclusion de son édito, Pierre Siankowski appelle néanmoins clairement le jeune homme à présenter ses excuses.
Christiane Taubira prise de vertiges à la découverte des tweets
Dans un post Facebook du 20 février également, l'ex-Garde des Sceaux Christiane Taubira vole au secours du magazine de la gauche branchée, assurant «qu’il ne leur serait pas venu à l’idée de [lui] proposer cette rencontre [avec Mehdi Meklat] s’ils avaient eu la moindre connaissance même d’un seul de ces tweets».
En outre, loin de prendre la défense du jeune homme, l'ancienne ministre dénonce la «hideur» de ces tweets, qui «creusent une consternation aussi vertigineuse qu’un cratère atomique».
Le Bondy Blog et Pascale Clark refusent de condamner Mehdi Meklat
Le Bondy Blog, en revanche, a refusé de faire son mea culpa ou de condamner son ancien journaliste, se contentant de rappeler que celui-ci s'était expliqué sur ses tweets et s'en était excusé, et que ses messages sur Twitter n'engageaient en aucun cas le média pour lequel il avait travaillé.
Notre réponse aux accusations contre Mehdi Meklat et visant le Bondy Blog : pic.twitter.com/cEdp00y3js
— Le Bondy Blog (@LeBondyBlog) 18 février 2017
De même, la présentatrice de France Inter, Pascale Clark, qui avait permis à Mehdi Meklat de réaliser des chroniques régulières sur la radio publique, n'as pas jugé pertinent de condamner les tweets du jeune homme. En effet, a-t-elle assuré sur Twitter, le «personnage odieux, fictif» qu'il aurait incarné sur le réseau social ne «servait qu'à dénoncer», tandis que le «vrai» Mehdi Meklat n'était «que poésie, intelligence et humanité» à l'antenne.
Son personnage odieux, fictif, ne servait qu'à dénoncer
— Pascale Clark (@PascaleClark) 18 février 2017
Pour sa défense, Mehdi Meklat répète sa thèse du personnage fictif
L'affaire avait éclaté sur les réseaux sociaux le 18 février : l'ex-journaliste du Bondy Blog s'avérait l'auteur d'une multitude de tweets ouvertement antisémites, racistes ou homophobes, flirtant même avec l'apologie du terrorisme. Mehdi Meklat avait tweeté, au cours des quatre dernières années, des messages tels que : «Pourquoi les juifs ont le droit de prendre le métro», «LES BLANCS VOUS DEVEZ MOURIR ASAP», «Faites entrer Hitler pour tuer les juifs #César2012» ou encore «VIVE LES PD VIVE LE SIDA AVEC HOLLANDE !»...
Alors que le internautes déterraient de nombreux tweets dérangeants, son auteur avait décidé de s'expliquer sur Twitter, le soir du 18 février. «Jusqu'en 2015, sous le pseudo "Marcelin Deschamps", j'incarnais un personnage honteux, raciste, antisémite, misogyne, homophobe sur Twitter», déclarait-il, tout en précisant que ce personnage fictif portait des valeurs tout à fait contraires aux siennes. Les comportements et prises de parole du jeune homme ont cependant rendu floue la distinction entre «Marcelin Deschamps» et Mehdi Meklat, comme l'a relevé RT France. Dans la nuit du 18 au 19 février, en outre, l'ex-journaliste du Bondy Blog décide de supprimer... pas moins de 50 000 tweets.
«Humour» raciste : un ex-journaliste du #BondyBlog supprime
— RT France (@RTenfrancais) 19 février 2017
plus de 50 000 tweetsen une nuit https://t.co/o4LBCGfH6fpic.twitter.com/RogyH8ku4a
Ces précautions ne semblant pas parvenir à apaiser la polémique, Mehdi Meklat a renouvelé sa thèse de la double personnalité, sur Facebook, le 20 février. «En 2011, j’avais 19 ans. J’ai rejoint Facebook et Twitter [...] J’ai trouvé un pseudo : Marcelin Deschamps [...] Il y a quelques mois, j’ai décidé d’être définitivement "Mehdi Meklat" sur Twitter. D’être moi. J'ai tué Marcelin Deschamps, ce personnage que j'exècre», avait-t-il posté.
Or, si le jeune homme a décidé de délaisser sa «créature» pour redevenir pleinement lui-même sur Twitter, pourquoi a-t-il conservé le même compte ? Comme Mehdi Meklat l'explique lui-même sans un post Facebook daté du 20 février : «Ses tweets [de Marcelin Deschamps] étaient encore là, définitivement gravés [...] Au lieu de tuer définitivement Marcelin en créant un nouveau compte, Mehdi a endossé rétroactivement ces insanités avec la naïveté de croire que la distinction entre les deux était claire». Comprenne qui pourra.