Affaire Théo : les caméras de surveillance semblent confirmer la version d'un des policiers
Des extraits du rapport d'un des policiers ayant interpellé Théo ont été publiés par «Le Point». Il s'avère que les images de vidéosurveillance valident sa version, donnée à chaud, deux heures après les faits. Le viol présumé reste à déterminer.
Tout ne serait donc pas si simple dans ce qu'on appelle désormais «l'Affaire Théo». Alors que le jeune homme a porté plainte pour viol, dénonçant un passage à tabac et des insultes racistes à son encontre totalement gratuits, tandis qu'il était alors simplement adossé contre un mur «tranquillement», le policier impliqué dans les faits très graves de viol présumé a depuis été entendu par l'IGPN.
🇫🇷 #AffaireThéo Le rapport de l'IGPN ne contredit pas l'audition du policier. Les vidéosurveillances non plus. https://t.co/KGmrFLg8bYpic.twitter.com/QJTqrxu8AI
— Actu17 (@Actu17) 16 février 2017
D'après le témoignage de ce dernier, Théo aurait été loin d'avoir un comportement pacifique. Il aurait usé de violence envers les policiers qui étaient en train de contrôler un dealer qui était parvenu à s'enfuir.
Voici les extraits de son témoignage que s'est procuré Le Point :
« [...] Un des individus contrôlés avançait sa tête vers la mienne en signe de défiance, alors, de la paume de la main, j'ai repoussé fermement sa tête au niveau de sa joue. C'est à cet instant que l'individu [«Théo»] qui se trouvait sur sa gauche et qui n'avait pas encore fait l'objet d'une palpation s'en mêlait et que ce dernier m'attrapait au niveau du col et me disait quelque chose du genre : "Eh, tu fais quoi là ?". Je repoussais immédiatement son bras avec ma main, mais il ne me lâchait toujours pas. Un collègue intervient alors. Il lui saisissait son bras afin qu'il me lâche. Mais l'individu [toujours «Théo»] se retournait vers lui, puis un échange de coups s'ensuivait. [...] Alors que je venais de lui saisir le bras, je recevais de sa part un coup de poing au niveau de la pommette gauche. Durant quelques instants, j'ai été sonné. J'ai compris à ce moment-là que l'individu serait prêt à tout pour se soustraire. Il se débattait, portait des coups de poing à tout va, gesticulait en tout sens, même des jambes.»
«Je le voyais piétiner mon collègue qui était encore au sol dos contre terre»
Ainsi, selon la version du policier, qui concorde surtout avec les images de vidéosurveillance scrupuleusement analysées seconde par seconde par l'IGPN, le jeune homme serait entré en violent contact physique avec les policiers pour les empêcher de procéder à la palpation d'un autre jeune homme du quartier. Ce dernier ayant pris la fuite, les trois agents auraient alors eu beaucoup de mal à maîtriser le jeune Théo qui leur résistait avec force et ont en effet dû user à plusieurs reprises de leur matraque télescopique. Le rapport poursuit :
«J'usais de ma matraque télescopique et lui portais des coups en visant l'arrière de ses cuisses. Il continuait de se débattre, il se retournait, gesticulait en usant de son gabarit musclé et il parvenait à se relever. Il continuait de porter des coups dans tous les sens. Là, je le voyais piétiner mon collègue qui était encore au sol dos contre terre et, subitement, un jet de gaz lacrymogène s'échappait de la bombe de mon collègue. Malgré le gaz, l'individu parvenait à se relever. [...] Il continuait de piétiner le collègue. Je décidais de lui porter des coups de matraque télescopique en visant ses membres inférieurs dans l'espoir de lui faire perdre l'équilibre et de l'amener au sol. Mon effort portait ses fruits et l'individu basculait à terre. Au sol, il continuait de donner des coups de pied, j'ai donné un coup de matraque au niveau des jambes. Enfin, nous arrivions à lui passer une menotte, puis la seconde.»
Il apparaît en effet que l'interpellation s'est passée de manière très violente. Mais visiblement pas seulement du côté des policiers, qui seraient loin d'avoir gratuitement violenté le jeune homme. La police des polices, qui, au vu des images de vidéosurveillance, avait conclu à l'absence d'intentionnalité de la part du policier, ne contredit pas la version de ce dernier. Cette version justement, comme le souligne Le Point, a été livrée moins de deux heures après les faits, ce qui aurait laissé peu de temps au policier pour mettre en place un scénario concerté avec ses collègues.
Dans son article, Le Point livre également les nombreux détails de l'analyse de la vidéosurveillance qui confirment une rébellion violente de la part de Théo ayant entraîné une interpellation particulièrement musclée réalisée en près de 30 secondes. Un laps de temps à la suite duquel les caméras montrent Théo repartir avec les policiers et monter dans le véhicule de police.
Des images qui montrent donc apparemment la cohérence de la version du policier. Reste encore à déterminer si le jeune homme a bien été violé, comme il l'affirme. Les policiers mis en examen ont eux porté plainte contre Théo pour outrage et rébellion.