Les agents du Kremlin s'apprêteraient à déployer en toute discrétion leur savoir-faire informatique en France, afin de troubler l'élection présidentielle et conduire aux portes du pouvoir leur championne : Marine Le Pen... Du moins, c'est ce que penserait la DGSE (les services secrets français), à en croire Le Canard enchaîné.
«Pour la DGSE, cela ne fait pas un pli dans la chapka», peut-on lire dans l'hebdomadaire du 8 février : les «espions russes» prépareraient un vaste plan de soutien à la candidate du Front national, qui impliquerait des robots informatiques générant, sur les réseaux sociaux, des messages lepénophiles «par milliers»... Les sbires de Moscou auraient également un autre atout dans leur manche : la révélation de données confidentielles sur les autres candidats à l'élection présidentielle.
Selon le Canard toujours, la menace moscovite serait suffisamment prise au sérieux par l'Elysée pour qu'un conseil de défense soit prévu prochainement, avec pour thème : les moyens de préserver l'élection française d'une intrusion russe.
«L'opération anti-Macron» du Kremlin : une panique complotiste de la presse française ?
Si les information du Palmipède étaient avérées, le DGSE rejoindrait le club – déjà fourni – des dénonciateurs d'une pseudo-menace russe pesant sur les élections françaises. Ces derniers jours, de nombreux organes de presse français ont soupçonné (ou franchement accusé) la Russie de chercher à discréditer Emmanuel Macron, via notamment des médias publics... tels que RT.
Le Point a ainsi estimé que «des médias proches du pouvoir russe comme Sputnik et RT en Français [semblaient] avoir pris pour cible l'ex-ministre de l'Economie». Pour s'y prendre, assure le magazine, ces médias russes relayent des insinuations du député (Les Républicains) Nicolas Dhuicq sur la vie privée d'Emmanuel Macron – quand bien même les propos en question n'ont jamais été cités par RT France...
De même, Le Parisien a dénoncé «l'arrière-goût russe des rumeurs visant Emmanuel Macron», et l'éditorialiste Bruno Roger-Petit de Challenges «l’irruption brutale de l’ombre de la Russie, via Sputnik et Russia today dans l’élection présidentielle française».
Cette terreur soudaine – et peu sourcée – pour une implication multiforme du Kremlin dans la présidentielle française a même trouvé un écho outre-Manche ! Un célèbre présentateur de la chaîne publique britannique BBC a sous-entendu, le 5 février, que le lanceur d'alertes Julian Assange serait de mèche avec les autorités russes, puisqu'il a fait fuiter des informations sur Emmanuel Macron, bête noire supposée de Moscou. Or, le site Wikileaks lui a rappelé, sur Twitter, qu'il avait bien publié des documents concernant le leader d'En Marche !... mais aussi des documents sur Marine Le Pen et François Fillon.
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La Russie déjà accusée d'être responsable de l'élection de Trump
WikiLeaks avait déjà été accusé d'avoir obéi aux injonctions de la Russie, au cours de l'élection présidentielle américaine, après avoir publié des emails du directeur de campagne d'Hillary Clinton écornant l'image de celle-ci. Le site pro-transparence a toujours affirmé avoir obtenu cette fuite d'une source non-étatique, tandis que les autorités russes ont réfuté à maintes reprises toute action de piratage liée aux élections américaines.
Après l'élection de Donald Trump, le FBI lui-même a publié un rapport censé démontrer l'ingérence russe dans le scrutin présidentiel. Or, le document de 25 pages s'est attiré les critiques et les moqueries de nombreux médias et utilisateurs des réseaux sociaux, qui lui ont reproché de ne pas étayer de preuves ses accusations à l'encontre de Moscou, et de surévaluer l'influence de médias publics russes tels que RT.
En revanche, le parti-pris anti-Trump assez net, durant les présidentielles américaines, de médias d'Etat étrangers tels que la BBC britannique ou France 24, n'avait pas eu droit à un tel déchaînement des passions...