Le président français en Irak, au plus près du front anti-Daesh
- Avec AFP
Quatre ans après sa visite au Mali tout juste libéré des djihadistes, le président français François Hollande est arrivé en Irak, en pleine offensive contre le groupe Etat islamique, qui défie le monde à coups d'attentats meurtriers.
François Hollande, qui a atterri dans la matinée du 2 janvier à Bagdad, était déjà venu en Irak en septembre 2014. Il reste à ce jour le seul dirigeant majeur de la coalition internationale anti-Daesh, dirigée par les Etats-Unis, à s'être rendu en Irak depuis le lancement de cette coalition, il y a deux ans et demi.
.@fhollande "je voulais confirmer l'engagement de nos forces à vos côtés" #irakpic.twitter.com/Zxgtnmac8w
— Élysée (@Elysee) 2 janvier 2017
Lors de sa précédente visite, le chef de l'Etat avait annoncé un soutien militaire accru de la France -deuxième contributeur de la coalition - aux forces irakiennes après une série de gains territoriaux majeurs de l'Etat islamique.
Accompagné du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, il rencontrera d'abord les soldats français formant les forces spéciales d'élite du contre-terrorisme (CTS). Dans l'après-midi, il se rendra à Erbil au Kurdistan irakien (nord), où sont stationnées les forces spéciales françaises qui conseillent les peshmergas kurdes engagés dans la bataille pour la reprise de Mossoul à l'Daesh.
Le président, qui a engagé les forces armées françaises dans la lutte antiterroriste depuis 2012, poursuit avec cette visite un quinquennat inédit de «chef de guerre» au plus près des opérations.
Combattre l'EI en Irak, «c'est prévenir le terrorisme sur notre sol»
François Hollande a jugé qu'agir contre le groupe Etat islamique en Irak permettait de prévenir le terrorisme en France.
«Tout ce qui contribue à la reconstruction en Irak, c'est autant de conditions supplémentaires pour éviter qu'il puisse y avoir de la part de Daesh des actions sur notre propre territoire», a dit le chef de l'Etat français lors d'un discours devant des militaires français qui forment les forces spéciales irakiennes luttant contre l'EI.
«Agir contre le terrorisme ici en Irak, c'est aussi prévenir des actes terroristes sur notre propre sol et donc éviter qu'il puisse y avoir pour nos compatriotes des conséquences fâcheuses de la dégradation qui pourrait être celle-ci en Irak», a expliqué François Hollande.
Le président français a ordonné aux soldats français de «former, appuyer, accompagner les forces irakiennes et leur donner les meilleurs conseils» pour reconquérir la ville de Mossoul contrôlée par Daesh depuis deux ans.
Sécurité maximale
Lors de ses entretiens à Bagdad, «il va réaffirmer l'engagement des forces françaises au sein de la coalition internationale dans la lutte contre Daesh», a précisé l'Elysée.
Ce déplacement s'inscrit dans l'engagement de @fhollande pour la stabilité de la région et la lutte contre le terrorisme #Irakpic.twitter.com/ys2nANXgEA
— Élysée (@Elysee) 2 janvier 2017
A Bagdad, il se rendra sous haute sécurité dans la zone verte pour s'entretenir avec les trois composantes du pouvoir irakien : le président kurde de la République Fouad Massoum, le Premier ministre chiite Haider al-Abadi et le président sunnite du Parlement Salim Al-Joubouri.
Le président @fhollande vient d'atterrir à l'aéroport de Bagdad pic.twitter.com/56k9FA3Rmu
— Élysée (@Elysee) 2 janvier 2017
«Il insistera sur l'importance de poursuivre les efforts pour assurer une sécurité durable du pays après la défaite de Daesh, et la coexistence des communautés dans un Irak uni et souverain», a souligné la présidence française.
Sa visite, dont le programme a été tenu secret jusqu'au dernier moment, est placée sous une sécurité maximale, deux jours après un attentat revendiqué par Daesh qui a fait près de 30 morts sur un marché de Bagdad.
En février 2013, accueilli en libérateur par les Maliens, François Hollande avait alors lancé : «Je vis la journée la plus importante de ma vie politique.»
Quatre ans plus tard, les opérations antidjihadistes sont loin d'être terminées, y compris au Mali, et l'EI résiste même s'il ne tient plus que la moitié du territoire dont il s'était emparé en 2014 en Irak et Syrie.
Le combat continue
«Nous n'en avons pas terminé avec le fléau du terrorisme» qu'il «nous faudra continuer à combattre», avait averti le 31 décembre le chef des armées dans ses derniers vœux de Nouvel An avant de quitter l'Elysée en mai.
A chaque recul sur le terrain, les djihadistes ripostent par des attentats de masse -à Berlin ou à Nice - dont le mode opératoire glace les opinions publiques occidentales.
A Mossoul, Daesh résiste à coups de bombes, voitures piégées et autres opérations kamikazes à l'assaut lancé par des dizaines de milliers de soldats, policiers et miliciens irakiens.
Depuis son engagement dans la coalition internationale en septembre 2014, la France a réalisé plus de 5 700 sorties aériennes, 1 000 frappes et détruit plus de 1 700 objectifs en Irak ou en Syrie.
Outre les 14 avions de chasse Rafale basés en Jordanie et aux Emirats arabes unis, environ 500 soldats français assurent des missions de conseil, de formation et d'appui d'artillerie en Irak aux forces engagées dans la bataille de Mossoul. Ils ne participent toutefois pas directement aux combats.
L'Australie, l'Italie et la Grande-Bretagne font également partie de cette coalition qui compte environ 60 pays.
Depuis son élection, en mai 2012, François Hollande a enchaîné les interventions militaires à un rythme plus effréné qu'aucun autre président français : au Mali en 2013, en Centrafrique la même année, puis en Irak en septembre 2014 et en Syrie en septembre 2015.