Made in France, sixième République, Europe... : Arnaud Montebourg dévoile son programme
L'ancien ministre de François Hollande reprend les idées qui lui sont chères, sans avancer de mesures inédites. Prudent en politique internationale, il cherche plutôt à se distinguer sur le plan économique.
Le candidat à la primaire de la gauche Arnaud Montebourg a dévoilé sur son site internet, ce mardi 27 décembre, les propositions que contient son programme. S'il est clairement marqué à gauche, il n'affiche pour autant aucune mesure choc ou radicalement nouvelle.
#Montebourg se dit prêt à nationaliser sans préciser pour l'heure comment s'y prendre dans le cadre de l'#UEhttps://t.co/sen0eKQY8npic.twitter.com/AGm6V7j2I8
— RT France (@RTenfrancais) 19 décembre 2016
Particulièrement mise en avant, on retrouve l'idée d'un passage à une sixième République, portée depuis plusieurs années par l'ancien député de Saône-et-Loire. «Il faut construire une démocratie nouvelle capable de faire entrer les citoyens dans le système politique et se donner les outils pour bâtir les compromis dont nous avons besoin», affirme Arnaud Montebourg, expliquant vouloir organiser un référendum dès juillet 2017, soit le mois suivant les élections législatives. Au programme du nouveau régime tel que le conçoit le candidat : retour au septennat, réforme du Sénat et passage à la proportionnelle intégrale pour les législatives.
Ses propositions en matière d'économie s'inscrivent dans une logique de relance ambitieuse. En effet, l'ex-ministre du Redressement productif avance le chiffre de 20 milliards d'euros d'investissements en infrastructures publiques. Certaines mesures, comme la limitation de la rémunération des chefs d'entreprise, rappellent des propositions portées en 2012 par le Front de gauche et son candidat Jean-Luc Mélenchon, qui fait désormais cavalier seul pour la présidentielle de 2017. Certaines déclarations rappellent le programme de la France insoumise : «Je n’accepte ni la concurrence déloyale des travailleurs à l’intérieur de l’Europe, ni que l’on détruise la protection des salariés français au motif qu’elle serait trop coûteuse» écrit-il par exemple. Arnaud Montebourg se veut en effet «en rupture avec la politique des deux quinquennats qui viennent de s’achever et qui n’ont pas permis d’endiguer la hausse du chômage». Assimilant sans les distinguer les politiques de Nicolas Sarkozy et François Hollande, l'ancien ministre de ce dernier cherche sans doute à se détacher de son bilan.
Je n’accepte ni la concurrence déloyale des travailleurs à l’intérieur de l’Europe, ni que l’on détruise la protection des salariés français au motif qu’elle serait trop coûteuse.
Autre thème cher à Arnaud Montebourg et développé dans son programme : celui du «made in France». «Je propose de réserver pendant une période de huit ans, le temps que la France se réindustrialise, 80 % des marchés publics des collectivités locales, de l’état, de ses hôpitaux, aux PME travaillant sur le sol national», annonce-t-il. Une réforme très ambitieuse, car incompatible avec la législation européenne. Une difficulté que le candidat entend surmonter en proposant un «nouveau traité de Rome». Estimant que le «Brexit menace l'Europe de disparition», Arnaud Montebourg veut revoir les traités fondateurs de l'Union européenne.
En matière de politique internationale, les propositions du candidat sont moins nombreuses - et beaucoup moins affirmées. «La France doit se préparer à réviser ses positions sur sa présence dans le commandement intégré de l’OTAN», affirme ainsi Arnaud Montebourg, sans pour autant se prononcer pour ou contre une sortie de celui-ci de manière aussi nette que l'a fait Marine Le Pen il y a quelques jours. L'idée d'une union économique centrée sur la Méditerranée est avancée, ainsi que celle d'une renégociation des accords du Touquet (qui règle le contrôle de la frontière franco-britannique). Néanmoins, les contours ne sont pas encore précisés dans le document.
Marine Le Pen plaide pour un «#Frexit» large, incluant une sortie de l'#OTANhttps://t.co/UX7OxijKjepic.twitter.com/lh2mhjYrEq
— RT France (@RTenfrancais) 26 décembre 2016