Délit d’entrave sur l’IVG : première friction entre LR et l’UDI avant la présidentielle ?
Les députés Les Républicains (LR) s'opposeront à la proposition de loi du Parti socialise (PS) sur le délit d'entrave à l'IVG au nom de «la liberté d'expression», a indiqué le 29 novembre leur chef de file, Christian Jacob. Au contraire de l’UDI.
A peine élu candidat de la droite et du centre pour l’élection présidentielle, François Fillon va-t-il devoir gérer un premier conflit entre les deux bords politiques ? Nous n’en sommes pas là, mais un désaccord pointe déjà le bout de son nez. Le 1er septembre, l’Assemblée nationale débattra d’une proposition de loi émanant du PS et qui vise à étendre le délit d'entrave à l'IVG aux sites internet diffusant de «fausses informations» sur l'avortement.
Violente passe d'armes entre les députés français à propos de l'avortement (IMAGES) https://t.co/x7tPLUBpJppic.twitter.com/eUwwDqC2ef
— RT France (@RTenfrancais) 23 novembre 2016
Déjà à l’origine d’un clash dans l’hémicycle le 23 novembre entre parlementaires LR et PS, le texte provoque de vives réactions sur les réseaux sociaux.
En 2017, @MarisolTouraine veut mettre en taule celles qui sont à l'écoute des femmes...
— 《On》 (@On_lacherien) 29 novembre 2016
On commence par Simone Veil!?#DelitEntrave#IVGpic.twitter.com/8oCielHbA8
#IVG : Délit d'entrave numérique.
— Eglise Catholique (@Eglisecatho) 28 novembre 2016
Lettre de Mgr Pontier, Pdt de la #CEF, à François Hollande, Pdt de la République.https://t.co/DqGwQAAF2Spic.twitter.com/afE1qBB5s5
Christian Jacob, chef de file des députés LR a d’ores et déjà annoncé le 29 novembre que les parlementaires de son parti ne voteraient pas le texte. Il a justifié cette décision en dénonçant «la pensée unique et des tons moralisateurs» côté socialiste. Selon lui, son groupe est opposé au texte «au nom de la défense de la liberté d'expression».
A partir du moment où on n'est pas dans la ligne du gouvernement ni d'un site officiel, on serait condamnés
«Il y a un problème constitutionnel très clair» car «on est clairement dans une entrave» à cette liberté, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. Avant de s’inquiéter d’éventuelles dérives : «A partir du moment où on n'est pas dans la ligne du gouvernement ni d'un site officiel, on serait condamnés. Imaginez que l'on élargisse cela, c'est juste invraisemblable.»
Nous n’avons aucune leçon à recevoir
Critiqué durant la campagne de la primaire de la droite et du centre pour ses positions jugées rétrogrades vis-à-vis de l’avortement, François Fillon a pu compter sur le soutien de Christian Jacob, qui a tenu à souligner que du côté des Républicains, «on a toujours été très au clair sur l'accès des femmes à l'IVG». «Nous n’avons aucune leçon à recevoir», a-t-il martelé avant de rappeler que la loi Veil, à l’origine de l’autorisation de l’IVG en France, avait été adoptée sous un gouvernement de droite.
#IVG Je ne toucherai à rien sur la loi Veil. Le procès qui m'a été fait ces derniers jours n'est pas correct. #PrimaireLeDébatpic.twitter.com/ixGxjgflfn
— François Fillon (@FrancoisFillon) 24 novembre 2016
Son de cloche différent du côté de l’UDI
Si en théorie, les centristes de l’UDI sont censés marcher main dans la main avec leurs collègues LR pour ravir l’Elysée, ils ont décidé de prendre un chemin différent concernant la proposition de loi socialiste. Pour Philippe Vigier, homologue de Christian Jacob à l’UDI, «la liberté d'expression s'arrête là où elle emmène sur le chemin dangereux de l'aliénation».
Pour l'archevêque de #Paris "le gouvernement est + obsédé par l'#avortement que par la #radicalisation" >>> https://t.co/u8VgT8CuIApic.twitter.com/rrzD73KLP7
— RT France (@RTenfrancais) 25 novembre 2016
Une analyse qui conduira les députés UDI à voter de manière «très majoritaire» «pour la protection des femmes». Il en a profité pour avoir une «pensée émue» pour Simone Veil «car elle ne va pas bien du tout».
L'élu d'Eure-et-Loir a cependant modéré ses pensées au moment de se prononcer pour ou contre la fermeture des sites internet qui seront considérés comme encourageant le non-recours à l’IVG. Il s’est demandé s’il fallait «aller jusqu'à fermer ces sites» et s'il ne faudrait pas «une autorité scientifique garantissant que les propos tenus sur les sites soient justes».
hors de question de revenir sur le remboursement
Sur l'IVG, il a aussi souligné que «c'est un droit», qu'il est «hors de question de revenir sur le remboursement», tout en «rappelant que l'avortement n'est pas un mode de contraception» et que «c'est un drame humain, avec des conséquences, a minima morales, parfois physiques et médicales». Un zèle qui contraste avec la prudence dont fait preuve le candidat qu’il est censé soutenir en avril prochain.