Un journaliste refuse la Légion d'honneur et dénonce l'état de la liberté de la presse en France
Le journaliste Hervé Kempf a rejeté la prestigieuse décoration que lui a proposée le cabinet de la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, critiquant le rôle du gouvernement dans la limitation de la liberté des médias en France.
«Je vous remercie de votre attention, mais ai l’honneur de refuser cette distinction. Elle me parait tout à fait incompatible avec l’exercice du métier de journaliste, dont un principe de base est, pour assurer sa liberté, de se tenir à distance des personnes de pouvoir.»
Dans un éditorial au ton acide publié dans le magazine en ligne écologiste Reporterre, son rédacteur en chef, Hervé Kempf, révèle avoir été contacté par le cabinet de la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal afin d'être décoré de l'ordre national de la Légion d'honneur... et annonce publiquement son refus.
Une capture d'écran d'un mail envoyé par le chef du cabinet adjoint de la membre du gouvernement, dévoilée dans l'article, témoigne en effet de la proposition accordée au journaliste pour son «action en faveur de l'environnement et du développement durable».
Hervé Kempf : Le gouvernement «n’a rien fait pour limiter les atteintes à la liberté d’informer»
Selon Hervé Kempf, accepter une telle décoration de la part du gouvernement Valls aurait été d'autant plus déplacé que celui-ci «n’a rien fait, au contraire, pour limiter le pouvoir des oligarques et les atteintes à la liberté d’informer». Car le tableau que le journaliste dépeint sur la liberté de la presse dans la France d'aujourd'hui s'avère sombre : mainmise de milliardaires ou de grands groupes sur la grande majorité des médias, lois «attaquant» la liberté de la presse (loi sur «le secret des affaires» de 2015 ou projet de loi «Egalité et citoyenneté») et multiplication des violences ciblant les journalistes sont autant d'exemples qui poussent le rédacteur en chef à tirer la sonnette d'alarme.
Enfonçant le clou, l'éditorial se conclut en rappelant que Reporterre ne reçoit aucune aide publique, au contraire de grands quotidiens nationaux détenus par des milliardaires tels que Le Monde, Le Figaro et Libération... et en évoquant le refus récent de Ségolène Royal d'accorder une interview au magazine écologiste !
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