«Le centre humanitaire est officiellement ouvert», a simplement déclaré Aurélie El Hassak-Marzorati, la directrice générale de l'établissement destiné aux migrants, situé près de la porte de la Chapelle. L'objectif principal de cette structure est d'éviter la formation de nouveaux camps de fortune, tel celui qui s'est développé dans le quartier de Stalingrad, après l'évacuation de la Jungle de Calais.
A 10h30, ils étaient une dizaine dans le camp, selon Bruno Morel, le directeur général d'Emmaüs solidarités qui pilote le centre. La structure devrait accueillir chaque jour entre 50 et 80 personnes, soit le nombre de migrants arrivant chaque jour à Paris, selon les estimations.
Les hommes isolés pourront être hébergés sur le site, où ils resteront de 5 à 10 jours, avant d'être orientés vers d'autres lieux, selon leur situation : centre pour demandeurs d'asile (CADA) ou centre d'accueil et d'orientation (CAO)...
Les femmes et les familles seront amenées en navette vers des lieux d'accueil spécifiques, avant l'ouverture d'un centre de 400 places destiné à ces «publics vulnérables» à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) «début 2017», selon Bruno Morel. Les mineurs isolés seront transférés vers des structures de la ville de Paris.
C'est un «lieu tout à fait sécurisant, pas un lieu policier, géré par l'association Emmaüs avec les organismes de l'Etat qui se consacrent aux demandes d'asile», a souligné Dominique Versini et l'adjointe à la Mairie de Paris d'ajouter : «Les migrants n'ont pas de raison d'avoir peur.»
Dans une halle de 10 000 mètres carrés, ont été créés huit «villages» de 50 places chacun, comprenant des chambres pour quatre installées dans des cabanons en bois recouverts de bâches, des espaces de bureaux, un réfectoire et des sanitaires, avec une douche, une toilette et un lavabo pour 8 personnes.
Des équipes du Samu social et de l'ONG Médecins du monde prodigueront les premiers soins et proposeront des consultations (physiques et psychologiques).
120 salariés travaillent sur le site. Il faut y ajouter 500 bénévoles qui distribuent des kits d'hygiène, des vêtements, ou proposent des activités : des baby-foots, tables de ping-pong et des agrès ont notamment été installés.
Ce projet, d'un coût de 16,4 millions d'euros (investissement et fonctionnement), vise à mettre fin à un cycle de démantèlement et de reconstitution de camps dans la capitale française. Au total, plus de 21 000 migrants ont été mis à l'abri au cours d'une trentaine d'opérations depuis plus d'un an dans la capitale.
Composé de structures modulaires démontables, le centre devrait être transposé ailleurs d'ici 18 mois, le site étant destiné à accueillir des bâtiments universitaires.