Une lettre du camp Hollande veut dissuader les électeurs de gauche de voter pour Alain Juppé
Alors que 16% d'entre eux déclarent vouloir y participer, l'entourage du président s'inquiète de l'intérêt des électeurs de gauche pour la primaire des Républicains. Une lettre les appelle à ne pas se perdre «au milieu des voix de droite.»
A l'approche de la primaire de la droite et du centre des 20 et 27 novembre prochain, un membre du cercle proche de François Hollande s'est adressé aux militants et sympathisants de gauche dans une lettre qu'est parvenue à se procurer la chaîne BFM TV. Son auteur, dont on ignore l'identité, y développe un argumentaire pour les dissuader de soutenir Alain Juppé.
La lettre affirme que le maire de Bordeaux n'incarne «pas la République exemplaire», rappelant qu'il a été condamné à 14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité pour prise illégale d'intérêt. «Lui président, ce n'est pas la modernité, ni le renouvellement, c'est une très longue carrière ministérielle, commencée en 1986», lit-on plus loin, avant que ne soient évoquées les manifestations contre la réforme des retraites en 1995 qui «ont mis la France dans la rue.»
Certaines propositions du programme d'Alain Juppé, comme la suppression de l'ISF, la fin des 35 heures ou le recul de l'âge légal de la retraite, sont pointées du doigt. Ainsi, «L'élégance des mots ne doit pas cacher la violence des propos», estime l'auteur de la lettre.
Cette opération marque une nouvelle étape dans la mobilisation autour de François Hollande, après le SMS envoyé aux cadres du PS éventant sa candidature. L'objectif est clair : convaincre les sympathisants de gauche désirant éviter une candidature de Nicolas Sarkozy de ne pas se déplacer pour voter à la primaire de la droite. «En allant voter aux primaires de la droite, tu renforces le pronostic des sondages qui ne voient qu’un duel entre la droite et l’extrême-droite en 2017», conclue la lettre.
En effet, une étude récente du CEVIPOF indique qu'entre 10 et 16% des électeurs déclarant être certains d’aller voter les 20 et 27 novembre se considèrent «de gauche». Parmi ces derniers, 66% choisiraient Alain Juppé et seulement 3% Nicolas Sarkozy.