Alstom confirme l'arrêt du site de Belfort, malgré les promesses de Hollande
Bras de fer entre le PDG et le gouvernement : le groupe a officiellement entériné la fermeture du site de Belfort dans un communiqué remis aux salariés. François Hollande, de son côté, a répété que tout serait fait pour assurer l'avenir du site.
Surenchère de déclarations contradictoires sur le site de Belfort. Mardi 13 septembre, Alstom a confirmé qu'il n'avait pas l'intention de céder aux pressions du gouvernement. Le groupe, qui avait annoncé la semaine précédente son intention d'arrêter la production de locomotives sur son site de Belfort, supprimant ainsi 400 postes, a officiellement entériné cette décision, dans un communiqué interne remis aux salariés.
«Il apparaît aujourd'hui impossible d'assurer un avenir pérenne» au site de Belfort, y explique Henri Poupart-Lafarge, le PDG d'Alstom. «Nous avons maintenu une production à Belfort aussi longtemps que nous avons pu», il s'agit désormais de «préserver l'emploi des autres sites». Alstom «se donne dès lors deux ans pour envisager des solutions alternatives» avec les salariés impactés ajoute le communiqué, dont des extraits ont été révélés par Le Figaro.
Bras de fer entre le PDG et le gouvernement
Problème : au moment où le communiqué annonçait la position définitive de la société, François Hollande intervenait publiquement pour réaffirmer que «tout serait fait pour pérenniser le site de Belfort, pour plusieurs années». Lundi 13 septembre, le chef de l'Etat, avait d'ailleurs réuni tous les ministres concernés par le dossier, et s'était déjà engagé à apporter les commandes suffisantes pour sauver le site belfortain et ses 400 emplois.
Le même jour, le premier ministre en rajoutait une couche, déclarant lors d'un déplacement à Verdun qu'il était «hors de question que le site de Belfort ferme», ajoutant à l'attention des salariés du groupe qu'ils pouvaient «avoir confiance dans l'action du gouvernement pour pérenniser le site, l'emploi et l'avenir d'Alstom».
Pluie de critiques
A huit mois de la présidentielle, Alstom est devenu une vraie pomme de discorde : l'exécutif est notamment critiqué pour son attentisme dans ce dossier, alors que l'Etat détient 20% des voix au conseil d'administration de la multinationale, provoquant les critiques et moqueries de la classe politique.
#Alstom : le Gvt a l'air de découvrir le problème. Je ne souhaite pas de nationalisation. https://t.co/ay0sFoXhHppic.twitter.com/kyyadTNRXc
— Alain Juppé (@alainjuppe) 13 septembre 2016
«Invraisemblable que l'Etat ait l'air de découvrir le problème», a ironisé Alain Juppé (Les Républicains-LR), tandis que le socialiste Benoît Hamon évoquait une «chronique de l'impuissance volontaire».
Refus de l'impuissance sur #Alstom, primaire, etc. Mon interview par @JJBourdin_RMChttps://t.co/LgzHIV8c32pic.twitter.com/xExiDoy7Ux
— Benoît Hamon (@benoithamon) 13 septembre 2016
«Je suis choqué de voir les cris d'orfraie sur le sujet car Alstom avait tiré la sonnette d'alarme depuis des années», a renchéri Pierre Gattaz, président du Medef, le regroupement des patrons français.
Christophe Sirugue, secrétaire d'Etat à l'Industrie a assuré le 13 septembre que l'Etat n'avait pas été «informé du tout» de la volonté d'Alstom d'arrêter la production ferroviaire sur son site de Belfort, ce qu'il a qualifié de faute de la part du groupe.
Englué dans une impopularité record, le président a par ailleurs tenté de reporter la faute sur son ex-ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, qui assure qu'il n'a jamais été question de cette fermeture lors de ses discussions avec le groupe.