TTIP : la France veut arrêter les négociations, mais pour l'UE, elles «n'ont pas échoué»
Si François Hollande a déjà prévenu Barack Obama qu’il ne devait pas s’attendre à un accord pour la fin 2016, la France s’apprêtant à demander la suspension des négociations sur le TTIP, le commissaire européen au commerce refuse de parler d’échec.
Les négociations sur le Traité transatlantique de libre-échange (TTIP ou Tafta) entre l'Europe et les Etats-Unis «ont été difficiles, bien sûr, nous le savions depuis le début, mais elles n'ont pas échoué», a affirmé mardi 30 août le commissaire européen au commerce, Cecilia Malmström. Cette dernière réagissait aux remises en cause du processus de négociation par le gouvernement français et le vice-chancelier allemand, lors d'un point presse à Bruxelles.
Points de vue divergents
La France, en effet, ne partage pas son enthousiasme. «Il n'y a plus de soutien politique de la France à ces négociations» et «la France demande l'arrêt de ces négociations», a déclaré le secrétaire d'Etat au commerce extérieur Matthias Fekl sur la radio RMC, le même jour. Des propos qui s'incrivent dans la ligne définie par le président qui a déjà prévenu que la France allait demander à la Commission européenne l'arrêt des négociations.
Matthias Fekl a justifié cette demande en expliquant que les négociations, menées par la Commission européenne au nom des 27 Etats membres, souffraient d'un déséquilibre qui profitait aux positions des Etats-Unis.
«Les Américains ne donnent rien ou alors des miettes [...], ce n'est pas comme ça qu'entre alliés on doit négocier», a-t-il indiqué, ajoutant que «les relations ne sont pas à la hauteur entre l'Europe et les USA, il faut reprendre plus tard sur de bonnes bases».
«Il faut un coup d'arrêt clair et définitif à ces négociations pour repartir sur de bonnes bases», a encore plaidé Matthias Fekl, précisant que la France exprimera cette position en septembre, lors d'une réunion des ministres chargés du commerce extérieur à Bratislava.
Pas d’accord avant la fin du mandat de Barack Obama
«La France préfère regarder les choses en face et ne pas cultiver l'illusion qui serait celle de conclure un accord avant la fin du mandat du président des Etats-Unis», avait déjà précisé François Hollande, soulignant, lors de la conférence des ambassadeurs à l'Elysée que «les discussions en ce moment-même sur le traité entre l'Europe et les Etats-Unis ne pourront pas aboutir à un accord d'ici la fin de l'année».
Hollande dit @Stop_TAFTA. La France veut arrêter les négotiations. #Stop#TAFTA#TTIPhttps://t.co/ATJVO5wKe5pic.twitter.com/CmdwvxI11Q
— Riccardo Turla (@turlesque) 30 août 2016
Un traité polémique
Dès le mois de mai, le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur prédisait que l'arrêt des négociations TTIP était «l'option la plus probable».
La France demande l'arrêt des négociations du #TAFTA#TTIP
— Matthias Fekl (@MatthiasFekl) 30 août 2016
Dimanche 28 août, les déclarations de Sigmar Gabriel, ministre allemand de l'Economie, ont montré que l'Allemagne était du même avis. Interviewé par la chaîne de télévision allemande ZDF sur les avancées du TTIP, Sigmar Gabriel avait expliqué que malgré 14 rencontres et autant de négociations, les deux parties n'avaient réussi à se mettre d'accord que sur un seul des 27 chapitres en cours de discussion.
Dans le même temps, le porte-parole américain des relations extérieures affirmait au magazine allemand Der Spiegel, que les négociations progressaient.
Négocié en toute discrétion depuis mi-2013, le projet de traité transatlantique de libre-échange visait à supprimer les barrières commerciales et règlementaires de part et d'autre de l'Atlantique pour doper les échanges économiques. Mais accusé de favoriser les intérêts des multinationales au détriment de ceux des Etats, ce traité a suscité une opposition croissante de la population dans plusieurs pays d'Europe.