Alors que le patron de la région PACA a accusé l’exécutif de «mentir» à propos du dispositif de sécurité en place le soir de l'attentat de Nice, c'est maintenant une policière municipale niçoise qui a affirmé avoir été victime de pressions du ministère de l'Intérieur pour modifier son rapport sur la sécurité. Ces multiples accusations ont forcé le Premier ministre à contre-attaquer.
Le 25 juillet, le locataire de Matignon s’est exprimé aux micros de BFMTV et RMC. L'ex-maire de Nice était particulièrement dans le viseur du chef du gouvernement.
Manuel Valls appelle Christian Estrosi à se souvenir des élections régionales
Dénonçant une «polémique politique qui vise à déstabiliser le gouvernement», Manuel Valls a estimé qu'il fallait que «tout cela cesse» et qu'il fallait aussi établir la vérité. «Il faut laisser la justice aller jusqu'au bout, il faut que la justice puisse travailler dans la sérénité», a déclaré le Premier ministre.
«Cette idée au fond que l'Etat ment, a quelque chose à cacher, alimente le doute, fracture l'Etat de droit», a-t-il rajouté. L’attaque envers Christian Estrosi est à peine voilée. Et le Premier ministre n’a, par la suite, pas pris de pincettes : «Depuis le premier jour, quand Bernard Cazeneuve, dans la nuit du 14 au 15 juillet, a débarqué à Nice, au moment où il y avait encore des blessés sur la promenade des Anglais, les cadavres de ceux qui avaient été tués par ce terroriste, au moment où le pays était sous le choc, [...] l'ancien maire de Nice, Christian Estrosi, commençait cette polémique.»
Manuel Valls a fait référence aux dernières élections régionales qui ont vu l'ex-édile niçois ravir la région PACA face à Marion Maréchal-Le Pen avec l’aide massive des voix de gauche. La liste du Parti socialiste, arrivée en troisième position au soir du premier tour, s'était retirée et avait appelé à faire barrage au Front national. «On doit être digne des conditions d'une élection, on doit être à la hauteur des Français», a affirmé le Premier ministre.
A qui la responsabilité ?
Au lendemain de l'attentat meurtrier une polémique a éclaté entre l’opposition et le gouvernement au sujet du dispositif de sécurité. Le 15 juillet, on apprenait que Christian Estrosi avait écrit une lettre au président de la République à la veille des attentats réclamant un «grand plan d'urgence pour protéger nos policiers et leur donner les moyens d'agir».
Quelques jours plus tard, le ton est monté d’un cran. Les députés de l’opposition, Christian Estrosi en tête, mettent l'exécutif en cause. Il n’y aurait pas eu assez de forces de police nationale et de militaires à Nice dans la soirée du 14 juillet. L’ancien maire de la ville azuréenne n’avait pas hésité à parler, samedi 16 juillet, de «mensonge d’Etat» au sujet des chiffres communiqués par les autorités sur le nombre de policiers et militaires déployés sur la Promenade des Anglais.
Or le Premier ministre a renvoyé Christian Estrosi dans les cordes assurant que la sécurité du public était du ressort de la mairie.
A cela s'ajoute un autre scandale - celui des enregistrements de vidéosurveillance des caméras sur la Promenade des Anglais le soir de l'attentat que la sous-direction antiterroriste (SDAT) avait demandé à la ville de Nice de supprimer. Une réquisition refusée par la ville.
La dernière polémique en date est venue d’une interview accordée par une policière municipale niçoise, Sandra Bertin, au Journal du dimanche. En charge de la vidéosurveillance le soir de l’attentat, elle affirme avoir reçu des pressions du ministère de l’Intérieur pour modifier son rapport sur le dispositif policier en place.
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