France

Attentat de Nice : mis en cause, Manuel Valls rétorque et s'en prend violemment à la mairie

Mis en cause par les députés de l'opposition et par l'ancien maire de Nice Christian Estrosi, le Premier ministre a rétorqué que la sécurité du public était du ressort de la mairie. Le torchon brûle alors que les politiques se renvoient la balle.

«Ce dispositif a été concerté, consenti et validé par le maire de Nice !», a martelé Manuel Valls à l'Assemblée nationale, obligé de se justifier face aux bancs des députés de l'opposition très remontés. Sans prendre de gants, Philippe Pradal, l'actuel maire de Nice et Christian Estrosi, l'ancien maire, n'ont pas hésité à qualifier les propos du Premier ministre de «mensonge d'Etat». 

La polémique porte sur les attributions respectives des collectivités territoriales et de l'Etat en matière de sécurité du public lors des manifestations événementielles. Les préfectures, représentant l'Etat, conviennent avec les collectivité lors de réunions de préparation et qui rassemble l'ensemble des services impliqués dans la sécurité publique.

«Un arrêté du 11 juillet signé par le directeur adjoint de la ville  réglementait la circulation sur la Promenade des Anglais et ses abords car c'est une responsabilité du maire, de la police municipale», a martelé Manuel Valls, s'appuyant ainsi sur le texte municipal pour tenter de dédouaner l'Etat – donc le gouvernement – de l'entière responsabilité de l'attaque au camion perpétrée par Mohamed Bouhlel.

«Le pays a besoin de vérité [...] a besoin de tout savoir mais (sic) nous qui exerçons les responsabilités [...] avons un devoir de vérité et d'exigence», a encore asséné le Premier ministre sur la défensive. Et, de fait, la question de savoir comment le tueur a pu contourner les dispositifs de sécurité, et d'établir les responsabilités, devient brûlante.

Des effectifs insuffisants le soir du 14 juillet, pour les élus LR de la région niçoise

Samedi 16 juillet, deux jours après l'attaque au camion meurtrière, le président de la région Paca et ancien maire de la ville, Christian Estrosi, avait accusé l'exécutif de «mensonge d'Etat» au sujet du nombre de policiers et militaires déployés sur la Promenade des Anglais. Pour le tenor des Républicains, le soir du 14 Juillet, on «était très loin du chiffre [...] de 64 policiers» nationaux, 42 policiers municipaux et 20 militaires de la mission Sentinelle annoncé par Bernard Cazeneuve après l'attentat.

Le maire de Nice Philippe Pradal avait abondé dans le sens de son prédécesseur, lundi, en déclarant sur Sud Radio que le gouvernement n'avait pas pris des mesures suffisantes pour faire face à la menace terroriste. «Est-ce qu'on va se contenter, tous les six mois, d'aller devant nos monuments aux morts, de pleurer nos victimes, de chanter la Marseillaise ?» avait regretté l'ex-premier adjoint de Christian Estrosi.

Remuant le couteau dans le plaie, le maire (LR) de Cannes, David Lisnard, avait lui aussi déploré le manque de moyens accordés par l'Etat aux municipalités en matière de sécurité. Dans un entretien au Point de mardi, l'élu de droite a assuré qu'il disposait de «moins de policiers nationaux qu'avant l'état d'urgence». «La veille de l'attentat de Nice, j'ai encore dit publiquement que nous risquions un problème sur (...) l'ensemble du littoral, faute de moyens» a souligné le maire, selon qui l'Etat ne daigne jamais répondre à ses demandes d'augmentation des effectifs policiers.