Hypocrisie et lâcheté : politiques et anonymes se lâchent sur le rejet de la motion de censure
Après la tentative avortée d’une motion de censure de droite, dans l’après-midi du 12 mai à l’Assemblée générale, la loi travail a été adoptée, alors que des milliers de Français manifestaient contre le projet dans tout le pays.
Il fallait 288 votes, soit la majorité absolue, pour que la motion de censure puisse être appliquée. Or, cette dernière n’en a obtenu que 246, et, la loi El Khomri, proposée par la ministre du Travail du même nom, a de facto été adoptée, soulignant ainsi la fraction au sein de la gauche, et venant rajouter de l’huile sur le feu de la colère des Français qui depuis des mois, et encore aujourd’hui, ont manifesté contre la loi travail.
La majorité requise qui n'a pas été atteinte pour l'adoption de #motiondecensure était de 288 #DirectAn#LoiTravailpic.twitter.com/qsOI8t0jsZ
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) 12 mai 2016
Une gauche déchirée
Chez les hommes politiques comme les commentateurs, on s’accorde à penser qu’«il y a une fracture à l’intérieur de la gauche», comme l’a remarqué le rapporteur de la loi travail et député PS, Christophe Sirugue, cité par l’AFP.
Hollande face à ses échecs, un parti déchiré, une France divisée, une #loitravail rejetée qui ne satisfait ni les salariés ni les employeurs
— Josué MREJEN (@JosueMREJEN) 12 mai 2016
246 voix en faveur de la motion de censure. Le gouvernement socialiste est en fin de règne ! #MotionDeCensure#LoiTravail#DirectAN
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 12 mai 2016
Bien qu'attendu, le rejet de la motion de censure a fait vivement réagir certains hommes politiques qui y voient une preuve de lâcheté et d’hypocrisie de la part des «frondeurs» qui avaient eux-mêmes tenté de déposer une motion de censure.
Ils viennent lâchement de refuser de signer la #MotionDeCensure : les "frondeurs" rentrent à la niche ! #LoiTravail#DirectAN
— Steeve Briois (@SteeveBriois) 12 mai 2016
J'ai voté #MotionDeCensure contre 1 GVT #Valls qui multiplie les coups de force parlementaires pour des réformettes. pic.twitter.com/0f5iXFLXSo
— N. Kosciusko-Morizet (@nk_m) 12 mai 2016
Les députés "frondeurs" autoproclamés sont les hypocrites que l'on soupçonnait. Ils cautionnent ! #LoiTravail#loiElKhomri#MotionDeCensure
— Nicolas Bay (@nicolasbayfn) 12 mai 2016
Les internautes déçus et énervés
Alors que les réactions des politiques se sont en général faites discrètes après l’annonce du rejet de la motion de censure et de celui de l’adoption de la loi travail, celles des internautes ont en revanche submergé la toile.
Certains prennent la nouvelle avec ironie, considérant par exemple que 49.3 donne la mesure du quotient intellectuel du PS, ou que l’UE se félicite de l’adoption du texte de la loi travail.
Nous découvrons donc que le QI moyen d'un membre du @partisocialiste est de 49.3. #LoiTravail
— Le Vrai Carniste (@levraicarniste) 12 mai 2016
Le député de Gauche démocrate et républicaine, André Chassaigne, avait par ailleurs souligné lors de son discours devant l’Assemblée que la politique du Premier ministre, Manuel Valls, était dénuée de tout respect du peuple français et visait uniquement à «succomber aux sirènes du MEDEF et de Bruxelles».
L'UE remercie @lesRepublicains et le @partisocialiste pour la #LoiTravail 👏🏻👏🏻👏🏻 pic.twitter.com/TCkITzD3SV
— ANGELO MLP2017 (@hugoengel4) 12 mai 2016
Certains internautes se sentent quant à eux choqués, voire même trahis, par le rejet de la motion de censure, dénonçant une honte pour la démocratie française.
le @partisocialiste on oubliera pas votre trahison #LoiTravail 49.3 pic.twitter.com/IvnhG5b3qO
— le 49.3 nous tue (@MO_me_Z) 12 mai 2016
La démocratie représentative prend un coup de massue par ce vote honteux. #MotionDeCensure#DirectAN#LoiTravail
— Nicolas.B (@frontiste40) 12 mai 2016
J'arrive pas à réaliser que la baffe démocratique qu'on est en train de se prendre vienne de la GAUCHE #LoiTravail#MotionDeCensure
— Carl Klaus (@CarlKlaus) 12 mai 2016
Néanmoins, d'autres internautes se distinguent en saluant l’adoption de la loi travail tant décriée en France.
Tout le monde va me tuer mais je suis pas contre la loi travail, je pense que c'est un mal pour un bien.
— savage (@aloneinacrowdES) 12 mai 2016
La France continue de se soulever
Alors que l’Assemblée nationale débattait sur la motion de censure, avant de finalement la rejeter, les Français s’étaient mobilisés un peu partout en France pour demander, dans un dernier espoir, le retrait du projet de loi El Khomri.
«Des heurts parfois très violents, dus à une minorité d’activistes, ont (…) été constatés dans la capitale et en province», a déclaré le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, relayé par l’AFP. Dix-huit policiers, gendarmes et militaires ont été blessés, a spécifié le ministre. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, sur un total de 82 interpellations, 75 ont eu lieu en province et sept à Paris.
«Avec cette loi, on nous crache à la figure», s’indignait une manifestante toulousaine, citée par l’AFP, qui s’est par ailleurs dite «écœurée» par la «façon de faire du gouvernement».
Après l’adoption de la loi, quelque 200 personnes se sont rassemblées devant l’Assemblée nationale, assises sur le trottoir pour une «Nuit debout» improvisée.
Deux autres journées de mobilisation sont prévues pour les 17 et 19 mai, ainsi que des grèves dans certains secteurs, notamment chez les dockers et les marins, ou à la SNCF.