«Nuit Debout» : la France, nouvelle Mecque de l'indignation ?
- Avec AFP
Lundi 4 avril, des centaines de personnes du mouvement «Nuit debout» occupaient pour la cinquième nuit consécutive la place de la République à Paris, pour dénoncer pèle-mêle le tout-sécuritaire, le mal-logement, ou la réforme du droit du travail.
A la veille d'une nouvelle manifestation contre la loi El Khomri, réforme accusée de favoriser la précarisation des travailleurs, sur la place de la République, les revendications couvraient tout le spectre du champ social. «Nuit debout» est pourtant née vendredi après une marche (390 000 personnes selon les autorités, 1,2 million de personnes selon les syndicats) précisément contre cette loi. Depuis lors, chaque jour, plusieurs dizaines de manifestants passent la nuit sur la place avant d'être délogés par les forces de l'ordre au petit matin.
NUIT DEBOUT... fait tache... d'huile !
— JuanHERNANDEZ (@Pajuanico) 5 avril 2016
La mobilisation s'étend à plus DE 25 villes... pic.twitter.com/IiNVtgiBGT
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Un mouvement hétéroclite
Il s'agit de «construire un mouvement social fort qui rassemble tous les précaires face à l'oligarchie», un «mouvement citoyen mais pas politique», «un projet très ambitieux», explique Camille, membre de «Nuit debout». Sur une moitié de la place, des dizaines de personnes sont assises, tandis qu'à tour de rôle certains prennent la parole pour discourir, haranguer, ou même déclamer des poèmes, dans un mégaphone crachotant ou de vive voix. «Allez tous chercher vos tentes. On dort ici !», hurle un jeune.
Des gens se réapproprient la parole. C'est un peu une psychothérapie de groupe.
Une sexagénaire met en garde contre la «violence». Un membre de la «diaspora congolaise en lutte contre la dictature de Sassou N'Guesso» dit être présent car les luttes sociales concernent «tous les résidents de France». Applaudissements de la foule. Un anarchiste appelle à un rassemblement mardi après-midi devant le Sénat contre une loi «absurde» qui va, selon lui, permettre «aux CRS de ne pas être punis s'ils tuent quelqu'un». Rires gênés. «Il peut y avoir du folklore parfois. Mais c'est comme ça que des gens se réapproprient la parole. C'est un peu une psychothérapie de groupe. Les gens osent dire ce qu'ils pensent», juge Fanny, 40 ans, qui vient chaque soir.
A côté d'elle, Jean-Baptiste porte une pancarte indiquant d'un côté «Panamaleaks, peuples rackettés ça suffit», «Refugees welcome» (bienvenue aux réfugiés) de l'autre, tout en parlant à un homme qui le filme avec son téléphone portable. Leur conversation passe en direct sur le site «Periscope». «Les peuples en ont marre d'être pris pour des cons. Plus on est de fous, plus on va gagner», commente Jean-Baptiste.
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