France-Algérie : «La main a été tendue et elle a été saisie», Laurent Nuñez revient sur le retour du dialogue entre Paris et Alger
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Le locataire de la place Beauvau a indiqué un possible réchauffement des relations entre les deux capitales grâce à la libération de l’écrivain Boualem Sansal, après un an d’emprisonnement, et son prochain déplacement à Alger sur invitation du ministre de l’Intérieur algérien.
Dans un entretien accordé au quotidien français La Tribune Dimanche publié ce 16 novembre, le ministre français de l’Intérieur Laurent Nuñez a fait part de la « volonté affichée » de la France de discuter et de « renouer avec l’Algérie ». Il a indiqué s’être « exposé », dans la mesure où sa posture va à l’encontre de l’avis de « 65 % des Français [qui] sont favorables à une dénonciation de l’accord franco-algérien de 1968 », expliquant que sa démarche est cependant « nécessaire ». « Je porte un projet de reprise des discussions puis de la coopération qui s’inscrit dans le cadre d’une renégociation de l’accord souhaitée par le gouvernement », a-t-il souligné.
Un ministre français « apprécié en Algérie »
Pour Laurent Nuñez, ses « origines pieds-noirs » expliquent en partie le fait qu’il soit « apprécié en Algérie ». Il a aussi ajouté qu’il avait beaucoup travaillé avec les autorités algériennes lorsqu’il était à la tête de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) et en tant que coordinateur du renseignement. Se disant « modéré, davantage dans le dialogue, qui est plus proche du président de la République », il a implicitement souligné le fait qu'il se démarquait de l’ancien locataire de place Beauvau, Bruno Retailleau. « C’est vrai que je ne suis pas membre d’un parti, que je n’ai pas de posture politique, que je ne vise rien pour 2027. Mon seul sujet, c’est l’intérêt de la France et la sécurité des Françaises et Français », a-t-il affirmé.
Libération de Boualem Sansal, « un geste d’apaisement »
Qualifiant la libération de l’écrivain Boualem Sansal de « geste d’humanité », Laurent Nuñez l’interprète aussi « comme un geste d’apaisement, dont tout le monde se réjouit », indiquant qu’il est encourageant pour le réengagement de la discussion entre France et Algérie, que ce soit dans la coopération sécuritaire, la lutte antiterroriste, la criminalité organisée, le renseignement et les questions migratoires.
Le ministre a souligné la nécessité pour l’Algérie de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière et de délivrer des laissez-passer conformément aux termes de l’accord de 1994. Il a aussi fait savoir qu’une invitation lui avait été adressée par son homologue algérien, à laquelle il a « répondu favorablement », indiquant qu’un déplacement à Alger est envisagé en décembre prochain, sans préciser de date.
Pour rappel, les relations diplomatiques et politiques entre la France et l’Algérie sont dans la tourmente depuis la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par la France en octobre 2024. Des épisodes de tensions se sont ensuite succédés entre Paris et Alger, et ont été notamment ravivés par les décisions, jugées hostiles par le pouvoir algérien, de l’ancien ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau.
